La proposition de la Mutualité française de mettre en place une aide fiscale forte (réduction d'impôt de 155 euros par an et par adulte ou prime équivalente pour les non-imposables) en cas d'adhésion à une mutuelle santé solidaire, c'est-à-dire sans sélection des risques, divise les candidats à l'élection présidentielle et dessine un clivage gauche-droite inattendu.
Paradoxalement, le scepticisme l'emporte à gauche. Tout en jugeant l'approche « intéressante », notamment parce qu'elle « a le mérite de lisser les effets de seuil » de la couverture maladie universelle (CMU), Jean-Marie Le Guen (PS) admet que cette mesure, jugée « problématique »,« ne figure pas parmi les propositions de Lionel Jospin ». « Nous essayons d'éviter de multiplier les mesures de défiscalisation », explique Jean-Marie Le Guen, qui observe au passage que la mise en place de ce crédit d'impôt marquerait un « saut quantitatif considérable ». Le coût de la mesure défendue par le mouvement mutualiste est en effet évalué à quelque 3,5 milliards d'euros par an. Pour Brigitte Darreau (PC), s'il est légitime de « vouloir abolir les discriminations croissantes en matière de santé », le processus de fiscalisation du financement de la protection sociale reste « gênant » et même « dangereux ».
Au Mouvement des citoyens, on se dit également « embêté » par l'outil fiscal et on veut surtout « donner la priorité à l'assurance-maladie de base ». Seul Jean-Luc Benhamias, directeur de la campagne de Noël Mamère, affirme que les Verts sont « très proches » de cette proposition.
A droite, en revanche, l'incitation fiscale séduit franchement. Marie-Claire Carrère Gée (RPR) affirme que Jacques Chirac est partisan d'un système « assez voisin » de la déduction fiscale ou du crédit d'impôt pour aider à la mutualisation. « Nous faisons nôtre cette proposition », résume-t-elle, sans préciser si le financement de la mesure est prévue dans le programme du candidat Chirac.
Au nom de François Bayrou, Jean-Pierre Foucher (UDF) se dit également « très favorable au crédit d'impôt », à condition que l'allocation proposée ne soit pas versée directement au bénéficiaire.
Daniel le Scornet, président des Mutuelles de France, affirme que la proposition de crédit d'impôt, qui a déjà recueilli plus de 200 000 signatures dans le cadre d'une pétition nationale, est portée par « un mouvement social unifié et populaire ». La campagne d'action en faveur de cette mesure d' « égalité sociale et fiscale » continuera, ajoute-t-il, jusqu'aux élections législatives.
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