Après que l’Assurance-maladie a fait au début de l’été des propositions d’économies de 2,2 milliards d’euros pour l’année prochaine, les assureurs complémentaires apportent aussi leur pierre à l’édifice de la rigueur budgétaire. L’UNOCAM -qui rassemble mutuelles et assurances privées- vient en effet de rendre publiques mardi les propositions qu’elle avait adressées mi juin à la ministre de la Santé et au ministre des Comptes en vue du prochain PLFSS, pour lequel on sait déjà que le Président de la République a fixé un objectif de croissance de dépenses (Ondam) limité à 2,9 % pour l’Assurance-maladie. « La recherche d’une meilleure efficience organisationnelle s’impose à l’évidence et à la médecine de ville et implique un effort soutenu sur plusieurs années » avertit l’UNOCAM.
Cet objectif de soigner à moindre coût passe pour les complémentaires par deux voies principales : améliorer la coordination des soins en particulier lorsque l’assuré souffre de plusieurs affections et ne rembourser que ce qui mérite de l’être. Concrètement, l’UNOCAM soumet aux ministres 16 pistes d’économies pour un montant de 3,5 milliards d’euros sur trois ans. Certaines rejoignent les propositions de la CNAMTS comme les baisses de tarifs de la biologie médicale et l’UNOCAM suggère en plus de « forfaitiser des dépenses d’analyses nécessaires au suivi de certaines pathologies chroniques ». Et pour que les labos se « recentrent sur des missions d’analyses », l’UNOCAM « souhaite que soit étudiée la possibilité d’autoriser la réalisation des prélèvements au sein des cabinets de médecine générale, des maisons de santé pluridisciplinaires ou des centres de santé, » mais « l’analyse de ces prélèvements continuant à relever de la responsabilité des laboratoires, dans un souci de qualité et de sécurité ».
L’union des complémentaires voit aussi des économies à faire dans le domaine du médicament : déremboursements systématiques des produits dont le service médical rendu n’est plus jugé satisfaisant et baisse des prix des génériques. Elle applaudit également à la mise en place par la CNAMTS des CAPI bien qu’elle n’ait pas été partie prenante sur ce dossier. Se réjouissant de la décision de la Cour européenne de justice de valider les CAPI britanniques, elle juge « essentiel que cette démarche soit étendue et amplifiée, dans un souci de retour sur investissement et en intégrant, le cas échéant, une dimension quantitative, par exemple à partir du nombre moyen d’items prescrits par ordonnance, par rapport à un parangonnage scientifiquement établi ». Autrement dit, il ne s’agirait rien moins que de limiter le nombre de lignes sur les ordonnances de médecins ! En outre, elle suggère également de dérembourser les cures thermales.
Enfin, l’UNOCAM rappelle à toutes fins utiles qu’elle souhaite être davantage impliquée dans les décisions qui la concernent. Elle rappelle sa participation à la négociation sur le secteur optionnel dont le résultat est pour elle « globalement satisfaisant » même si finalement le protocole d’accord signé est resté lettre morte. Ceci est aussi valable pour les ALD. « Dans l’hypothèse où un débat serait ouvert sur ce sujet délicat par le gouvernement, l’Unocam souhaiterait y associer » insiste-t-elle. Prête à « étudier des propositions de rémunérations des professionnels de santé qui soient adaptées aux besoins répétitifs et récurrents des maladies chroniques », elle met aussi en avant l’expérience de bon nombre de complémentaires en matière de « prévention et d’accompagnement des maladies chroniques ». Manière aussi de s’inviter dans les négociations pour la prochaine convention médicale, qui devraient s’ouvrir à la fin de l’année. Mais avant cette échéance, le gouvernement devrait présenter le PLFSS pour 2011 au courant du mois de septembre. C’est donc à la rentrée que l’on pourrait juger de la capacité de conviction de la Sécu et des acteurs complémentaires.
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