CURIEUSE histoire que celle du Festival de musique classique sous les tropiques, qui a pour cadre l'un des plus somptueux hôtels de l'île Maurice. Il y a quatorze ans, y faisant une escale de croisière, le pianiste français Gabriel Tacchino, interprète privilégié de la musique de Poulenc, a le coup de foudre pour l'hôtel Le Saint-Géran et propose d'y revenir pour donner des concerts. Au fil des années, le projet s'étoffe jusqu'à sa forme actuelle, à savoir une semaine de concerts en fin de journée avec un concert de clôture plus festif et familial le dimanche après-midi.
Vite abandonnée l'idée de jouer sous les étoiles, les oiseaux ne se laissant pas réveiller aussi gracieusement, c'est un confortable salon à l'acoustique étonnamment excellente qui sert d'auditorium.
Quasi unique au monde (La Baule, avec ses concerts à l'Hermitage, en est un autre exemple mais ne dure qu'un week-end), le festival, présenté et commenté par Alain Duault, proposé par l'hôtel en un forfait d'une semaine, draine aussi une clientèle locale ou des résidents d'autres hôtels. Il était placé pour la troisième année sous la direction artistique du pianiste Marc Laforêt, qui, grâce à son Festival les grands crus musicaux dans le Bordelais, en juillet, a une expérience de la programmation et un important réseau de musiciens dans son carnet d'adresses. Nicholas Angelich, le Quatuor Phosphos y sont venus l'an dernier.
Cette année, il a présenté des instruments que le public n'a pas l'habitude d'entendre comme solistes au concert : la flûte avec Juliette Hurel et la clarinette avec Paul Meyer, son meilleur représentant de l'école française. Invités aussi à cette édition, les pianistes français Marie-Josèphe Jude et Michel Beroff, qui mènent individuellement des carrières admirables mais forment un récent duo de pianos dont on a pu admirer l'équilibre dans les « Danses hongroises » de Brahms et plus encore dans la musique française. De la plus jeune génération et excellent accompagnateur, Jérôme Ducros, un fin chambriste, a fait une apparition éclair pour remplacer une collègue enceinte et accompagner Juliette Hurel dans la sonate de Poulenc.
La révélation, cependant, fut le violoniste Nemanja Radulovic, un tempérament comme on n'en entend guère depuis que le politiquement correct a aseptisé une forme d'expression artistique. Grand comme une liane avec une chevelure à la Paganini, ce jeune Serbe de 22 ans, élève de Joshua Epstein et Salvatore Accardo, déjà bardé de prix et ayant enregistré son premier CD chez Transart, a une sonorité franche et chaleureuse. On a pu en juger avec Beethoven et Grieg, ainsi que de sa virtuosité et impétuosité qui permettent de soulever une salle avec la « Fantaisie Carmen » de Sarasate. Ce fut lui aussi qui emporta le public plus convivial du concert de clôture où tous les artistes étaient revenus pour un dernier salut en musique et une dernière coupe de champagne au bord de la piscine.
Le prochain Festival de musique classique sous les tropiques se déroulera du 22 au 28 janvier au One & Only Le Saint-Géran. Prix par concert : 15 euros environ et 92 euros pour les 6 concerts (à retirer sur place à l'hôtel). Renseignements : One & Only Resorts (à Paris) : 01.42.61.22.66 et www.oneandonlyresorts.com.
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