Musique et soins : l'hôpital du Vinatier donne le « la »

Publié le 25/06/2003

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De notre correspondante

Pour La Ferme, l'unité culturelle du Vinatier, le concert s'annonce comme le point d'orgue d'une action aussi novatrice qu'ambitieuse. A l'affiche de la soirée du 29 juin figurent une pièce musicale en 12 mouvements, élaborée avec une soixantaine d'enfants en soin, et un concerto pour « HP » de musique électroacoustique, écrit par des patients adultes.

Mais « les Hauts Navires à musique », formule empruntée au poète français Saint-John Perse, sont aussi le fruit de trois années de travail entre enfants, soignants, musiciens et enseignants, sous « la houlette artistique » de La Ferme du Vinatier.

Expérimentation artistique

Symboliquement créée et installée dans l'ancienne ferme de l'hôpital en 1997, l'unité culturelle du Vinatier s'est imposée, dès le départ, comme une sorte de laboratoire expérimental du projet culturel de l'hôpital. Elle a d'ailleurs été confortée dans son rôle lorsque les ministères de la Culture et de la Santé ont signé une convention nationale incitant le développement culturel dans les hôpitaux, en mai 1999. C'est dans ce cadre que « les Hauts Navires à musique » ont pris la mer, et conduit les enseignants comme les soignants à sortir de leur cadre de travail habituel pour coproduire à la fois de l'art et du soin. Pour atteindre de nouveaux rivages, le dispositif a été réparti en ateliers musicaux animés par l'ensemble Résonance contemporaine, proposés à une douzaine de groupe d'enfants et d'adolescents de 3 à 18 ans, suivis en classes thérapeutiques ou en unités de soins. En parallèle, une quarantaine de professionnels hospitaliers ont bénéficié d'une formation de sensibilisation à l'art vocal, animée par les Solistes de Lyon, dirigés par Bernard Têtu. Deux ateliers pour patients adultes ont également vu le jour, l'un consacré à la création de chansons et l'autre à la musique électroacoustique.
Si l'impact thérapeutique de ce dispositif est difficile à évaluer, les intervenants s'accordent à dire que la musique a eu le mérite « d'autoriser » la rencontre entre les enfants des classes thérapeutiques. « Le partage et l'échange sont les mots d'ordre de ces moments musicaux », précisent-ils, tout en soulignant que ces interactions avaient aussi « favorisé les apprentissages scolaires ». Au sein des ateliers d'adultes, une dizaine de chansons et une bande-son ont été créées et diffusées lors de concerts baptisés « apéritifs musicaux », régulièrement programmés dans les saisons culturelles de La Ferme.

Exprimer des émotions

Diverses formations ont permis de donner un cadre à ce projet, mais également de réguler et d'organiser les échanges entre groupes d'enfants comme ce fut l'objectif pour celle intitulée « Enfance, musique et psychiatrie ». En septembre 2001, lors d'un colloque sur la voix, organisé par l'hôpital en liaison avec La Ferme du Vinatier, une intervenante en musique avait exprimé sa surprise face à des enfants autistes qui, bien qu'ils fussent privés du langage, étaient capables d'exprimer des émotions brutes avec leur voix. Muriel Roger avait expliqué qu'elle avait modifié sa pratique en conséquence, en l'axant sur l'improvisation plutôt que sur « l'apprentissage d'une belle chanson destinée à être bien chantée devant la classe ». Elle avait conclu : « Je suis sûre que la musique est un médiateur qui sert à autre chose qu'à être joli. » Pour l'ensemble des acteurs des « Hauts navires à musique », c'est une certitude.

* Concerts le 29 juin à 17 h 30 ou 19 h avec les Churs et Solistes de Lyon, le Centre de formation des musiciens intervenants de l'université Lyon-II, l'Académie du Rhône, l'Ecole nationale de musique de Villeurbanne, Résonance contemporaine et Clavichords. Renseignements : 04.37.91.51.11.

Caroline FAESCH