TOUT AU CONTRAIRE de celle du « divin » Mozart, à portée universelle et, hormis les opéras et messes, sans véritable programme, la musique de Chostakovitch est rarement dénuée de signifiant politique. Aux deux extrémités du spectre de son activité symphonique, celui dont la carrière aura été impitoyablement broyée par Staline, a rendu hommage à Lénine et à la révolution bolchevique d’octobre 1917. Trente-cinq années séparent les symphonies 2 et 12 : la « Symphonie dédiée à la révolution d’Octobre » de 1927, commande du département de la propagande de la Maison musicale d’Etat, et « L’an 1917 », créée en 1961, dont la composition semble avoir obéi à des buts opportunistes – la réhabilitation de son crédit bien entamé auprès des autorités staliniennes. La première a des audaces, des modernismes qui portent les traces de la fougue juvénile du compositeur, avec le grand choeur final quasi religieux, en dépit du propos hautement propagandiste d’Alexandre Bezymenski. La deuxième est plus convenue, avec son programme relatant la vie de Lénine jusqu’à l’épisode 1917, mais possède toute la maîtrise dont le compositeur était capable dans sa grande maturité.
Il ne faut voir dans ces deux opus qu’un des aspects, très souvent désavoué dans d’autres parties de son oeuvre, d’un compositeur dont le paradoxe n’est pas un des moindres traits d’une personnalité complexe.
Avec Valery Gergiev, Mariss Jansons est un des musiciens qui font le plus aujourd’hui pour la juste réhabilitation nationale et internationale de Chostakovitch. C’est lui qui dirige dans ces deux oeuvres complémentaires le remarquable Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks, dont il est directeur musical, et son choeur, avec un enthousiasme largement perceptible. Le cycle des symphonies de Chostakovitch qu’il a réalisé sera complété cette année commémoratrice par les symphonies n° 3 et 14.
1. CD EMI Classics. Durée : 58 min. Enregistrement DDD 2004/2005.
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