ZERMATT EST un mythe qui mérite bien sa réputation. La station sans voitures située au pied du mont Cervin (4 478 m) que les touristes du monde entier viennent admirer été comme hiver, est un lieu de villégiature couru depuis que l'alpiniste britannique Edward Whimper en réussi le premier l'ascension en 1865. Avant d'être équipée et de devenir le centre du plus grand domaine skiable des Alpes, Zermatt, ses palaces et ses plus modestes hôtels de charme en altitude attirèrent une élite intellectuelle et mondaine, parmi laquelle de nombreux musiciens tels Mieczyslaw Horszowski, Rudolf Serkin, Clara Haskil et Pablo Casals à l'origine du festival. Le violoncelliste catalan avait initié dans les années cinquante avec quelques concerts et des classes de maîtres, un noyau d'activité musicale. Il fallut attendre le début du XXIe siècle pour que des musiciens de la phalange berlinoise, les Berliner Philharmoniker, une des trois plus prestigieuses d'Europe, commencent à donner quelques concerts entre la fin de leur saison de festivals et le début de la saison de concert berlinoise. Désormais confié à Nicolas Bohnet dont la double formation musicale et gestionnaire en fait un directeur idéal, le Zermatt Festival s'étale sur le mois de septembre avec trois séries de trois concerts et une activité d'académie d'été pour des jeunes musiciens qui travaillent sous la direction d'instrumentistes aînés et forment l'Orchestre du Festival ainsi renouvelé à chaque édition.
Le noyau dur.
Le noyau dur des musiciens est le Scharoun Ensemble Berlin, fondé en 1983, dont la constitution en ensemble de chambre réduit permet un vaste répertoire et à ses plus fortes individualités d'être solistes d'oeuvres concertantes ou récitalistes.
C'est ainsi qu'on a pu les entendre dans la St. Mauritius-Pfaarkirche de Zermatt, aux beaux autels baroques et à l'acoustique plutôt favorable, donner avec l'orchestre de jeunes du festival aussi bien le Troisième Concerto Brandebourgeois de J.S-Bach, qu'un concerto pour trompette de Haydn avec l'excellent Gábor Tarkövi, le Concerto pour violon de Mendelssohn avec comme soliste le « Berliner » Kolia Blacher ou « Etüdenfest », une étonnante création de Brett Dean, compositeur australien et ancien « Berliner », en résidence cet été à Zermatt. Plus élitiste, le concert de musique de chambre du samedi, dans la même église proposait deux oeuvres du XXe siècle, « l'Histoire du soldat » de Stravinsky sur un texte de l'écrivain suisse Ramuz, magistralement interprétée par le comédien Dominique Horwitz, et une interprétation superlative de « la nuit transfigurée » de Schönberg dans sa version pour orchestre de chambre.
Traditionnellement, le concert de musique de chambre du dimanche matin a lieu dans la petite chapelle de Riffelalp, cachée dans les mélèzes à 2 200 mètres, que les spectateurs rejoignent grâce au charmant train à crémaillère du Gornergrat. Une expérience d'une grande sérénité qui risque de rendre difficile le retour aux grandes salles de concerts de nos capitales musicales.
Zermatt Festival (+ 41 27 966 81 00 et info@zermatt.ch ; www.zermattfestival.net). La prochaine édition aura lieu du 4 au 20 septembre 2009. Au programme : Philippe Jaroussky, Leonidas Kavakos, les Berliner Barock Solisten, le Scharoun Ensemble, l'Ensemble à vents des Berliner Philharmoniker.
Concert dans la St. Mauritius-Pfaarkirche de Zermatt (Beat P)werren
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