À LA HAENDELMANIA de l’ère de l’Intendant Peter Jonas succède, sous celle de Nikolaus Bachler et Kent Nagano un retour au répertoire plus traditionnel, germanique, slave et italien, même si quelques incursions, comme cette année « Trouble in Tahiti », de Bernstein, apportent un petit cachet exotique.
C’est avec « Lohengrin », mis en scène par le Britannique Richard Jones, personnage emblématique de l’ère Jonas, que s’est ouvert le festival 2009. Du plus surnaturel des opéras de Wagner, Jones a offert au public munichois - qui n’a pas manqué, tout comme la presse allemande, de lui montrer son mécontentement - une mise en scène conceptuelle qui superpose à la légende moyenâgeuse une autre histoire. À savoir la reconstruction d’un pays détruit par une guerre, situation dans laquelle Elsa représente la femme courageuse, construisant elle-même sa maison, et Lohengrin le nouveau héros que tout le monde attend pour sauver le peuple. Au sacré se superpose vite le rêve petit-bourgeois et l’on assiste à la construction d’un chalet du plus bel Ikea avec lit matrimonial et berceau, suivi de sa destruction après la question parjure d’Elsa… Dommage pour un spectacle appelé à rester au répertoire !
L’essentiel restera le très haut niveau de la distribution. Deux chanteurs maison, Anja Harteros et Jonas Kaufmann, désormais demandés par les scènes du monde entier, faisaient leurs débuts dans ces deux rôles emblématiques. Harteros avec une droiture dans la projection et un format vocal époustouflant, Kaufmann plus en chanteur de lieder qu’en ténor héroïque avec des raffinements vocaux inouïs. Formidables aussi le couple maudit Ortrud/Telramund interprété par Michaela Schuster et Wolfgang Koch et le roi Heinrich de Wolfgang Koch. La direction de Kent Nagano, respectueuse des voix, manquait de chaleur, de surnaturel, était plus froide et clinique, à l’instar de la mise en scène.
Nous avons pu voir la nouvelle production du festival 2008, « Ariane à Naxos », de Richard Strauss, reprise au Prinzregenttheater par Robert Carsen, metteur en scène à la mode. C’est l’une des meilleures vues depuis bien longtemps. La présence des danseurs du Ballet de l’Opéra bavarois lui assurait une figuration de luxe pouvant jouer autant sur le côté « revue » que sur l’aspect théâtre antique grec de l’opéra. Là aussi, distribution superlative, avec la Zerbinette pyrotechnique et déjantée de Diana Damrau et l’admirable Ariane d’Adrianne Pieczonka, ainsi que le mélancolique compositeur de Daniela Sindram. Le Français Bertrand de Billy dirigeait avec une belle versatilité le Bayerisches Staatsorchester, une des meilleures phalanges de fosse d’Europe. Ces deux spectacles seront repris pendant la saison prochaine et le festival 2010 ouvrira avec de nouvelles productions de « Tosca » et de « La Femme silencieuse» de R. Strauss.
› OLIVIER BRUNEL
Nationaltheater München jusqu’au 31 juillet., tél. +49.9. 2185. 1920 et www.staatsoper.de. Prochaines représentations de « Lohengrin » les 15,18, 25 et 29 octobre 2009 (avec Emily Magee en Elsa) et de « Ariadne auf Naxos » les 19, 22, 24, 27, septembre et 8 octobre (distribution différente).
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