Un grand peintre se réduit-il à son tableau le plus connu ? En ne présentant pas Le Cri, cette exposition rend un grand service au visiteur. En son absence, on est ainsi prié au lieu de rendre hommage à un totem de l’art de découvrir la trajectoire d’un artiste et in fine de mieux voir l’œuvre. Un autre écueil est également évité. Très souvent, les peintures d’Edvard Munch sont regardées à travers le prisme de son dossier médical. L’addiction à l’alcool, un syndrome dépressif sévère et des bouffées délirantes ont conduit le peintre à de nombreux séjours en hôpital psychiatrique. Le psychisme de l’artiste expliquerait alors l’aspect tourmenté, anxiogène de l’œuvre. Mais si ce volet médical ne peut être négligé, il ne doit pas envelopper l’œuvre, servir de clé unique interprétative. D’autant qu’Edvard Munch est un artiste préoccupé par l’actualité, l’esprit de son époque, celle de la première moitié du XXe siècle. En parallèle à son activité de peintre, il se livre à l’exercice de la photographie, voire à celui du cinéma. Le théâtre occupera une partie de sa vie. Comme nous l’expliquent les commissaires de l’exposition, il lit les journaux, écoute la radio. Bref, c’est un homme engagé dans son temps qui repense la peinture à partir de l’apport de l’image reproduite de manière mécanique. Mais si l’argument est convaincant, l’œuvre interroge, fascine par le dialogue jamais interrompu de l’homme avec lui-même. Toute l’exposition est ainsi traversée par ses nombreux autoportraits. Comme pour mieux sonder l’homme, Edvard Munch emprunte donc à toutes les techniques de son temps. Son autoportrait à la clinique peint en 1909 est l’une des œuvres clé exposées lors de ce parcours. L’artiste ici nous regarde droit dans les yeux, même si le regard encore convalescent porte les stigmates de la maladie. Pas de trace d’arrogance, simplement l’envoi d’un homme blessé qui tient à nous adresser des nouvelles réconfortantes.
Bref, cette exposition réussit son pari, celui de nous faire découvrir un artiste habité par son temps et qui en explore toutes ressources à la seule fin de se connaître mieux lui-même.
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