On désigne sous le terme de Burkholderia cepacia un ensemble de sept micro-organismes distincts : B. cepacia genomovars I à VII ou, lorsqu'ils sont considérés dans leur ensemble, le complexe B. cepacia. Ces bactéries sont à l'origine de 3 à 5 % des infections pulmonaires atteignant les sujets atteints de mucoviscidose aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Dans certains services de pneumologie, une incidence de près de 50 % de ce type d'infection a même été rapportée.
L'entité bactérienne la plus souvent en cause chez ces sujets est le génomovar III, alors que la forme la moins pathogène est le génomovar II ( B. multivorans). En cas de mucoviscidose, la pratique d'une greffe pulmonaire permet d'améliorer la qualité de vie et la survie à moyen terme. Mais le pronostic de ces interventions est variable selon les sujets ; en particulier, en cas d'infection par B. cepacia, la mortalité à un an est estimée, selon les séries, entre 50 et 100 %. En raison de ce mauvais devenir clinique, certains centres hospitaliers refusent de pratiquer des greffes chez des sujets infectés par l'une de ces bactéries.
Le statut bactériologique de 84 patients
Une équipe de chirurgiens thoraciques britanniques a mis en place une étude rétrospective à partir d'une banque de données locales sur le statut bactériologique de 84 de leurs patients atteints de mucoviscidose transplantés. Ils ont procédé à des examens sur des sérums et des crachats ou à des lavages bronchiques recueillis au moment de l'intervention et au cours du suivi clinique ou en post-mortem chez les 5 sujets décédés. L'équipe du Dr De Soyza s'est, en outre, intéressée à des éléments cliniques tels que la mesure de l'index de masse corporelle, la température centrale, le nombre des globules blancs et la concentration en protéine C réactive.
Résultat : 11 des 84 patients greffés présentaient des signes d'infection par B. cepacia dans les jours précédant l'intervention : deux par B. vietnamiensis (génomovar V), trois par B. multivorans (génomovar II) et quatre par le génomovar III. Aucune identification n'a pu être effectuée chez les deux derniers patients. Parmi ces 11 patients, 5 sont décédés dans l'année suivant l'intervention en raison d'une septicémie à B. cepacia. Quatre de ces infections généralisées étaient liées au génomovar III. « Les taux de survie des patients, selon leur atteinte par le génomovar III ou par l'un des autres génomovar, sont significativement différents (p = 0,007), indiquent les auteurs. En revanche, les différents paramètres cliniques étudiés n'ont pas varié selon le type d'infection. Les chirurgiens doivent donc prendre en compte la présence du génomovar III avant d'envisager une greffe tant que des protocoles d'antibiothérapie efficaces n'ont pas été élaborés », concluent les auteurs.
« The Lancet », vol. 358, pp. 1 780-1 781, 24 novembre 2001.
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