L ES patients atteints de leucémie, de lymphomes, de maladie de Hodgkin ou d'un myélome multiple présentent fréquemment dans les suites d'un traitement oncologique (chimiothérapie, radiothérapie ou autotransfusion de cellules souches) des mucites. Ces inflammations muqueuses, pouvant induire des ulcérations buccales, sont très douloureuses et rendent l'alimentation liquide et solide et la parole difficiles, voire impossibles, dans la semaine qui suit le traitement. Actuellement, il n'existe aucun traitement de cette affection qui touche pourtant jusqu'à 80 % des patients autotransfusés. Ils sont donc pris en charge de façon palliative : nutrition parentérale, perfusions liquidiennes et médicaments anti-ouleur (opiacés, le plus souvent).
Il y a quelques années, un facteur de croissance qui stimule des cellules de la muqueuse gastro-intestinale a été découvert : le KGF (Keratinocytes Growth Factor). Le Dr Ricardo Spielberger (Duarte, Californie) a mis en place une étude de phase II en double aveugle contre placebo, afin d'évaluer l'intérêt d'injections d'un facteur de croissance recombinant humain (rHuKGF pour Recombinant Human Keratinocytes Growth Factor) chez 129 patients. Ces cancéreux avaient subi une chimiothérapie à haute dose suivie d'une autotransfusion de cellules souches. Les patients ont été répartis en trois groupes : placebo, rHuKGF 60 mg/kg/j pendant les trois jours précédent le traitement oncologique, enfin, rHuKGF à la même dose trois jours avant et trois jours après le traitement.
« L'utilisation de KGF a permis une baisse significative du nombre de jours pendant lesquels les patients ont présenté une mucite buccale sévère : 7 jours dans le groupe placebo, 5 dans le groupe KGF préthérapeutique et 4 dans le groupe KGF pré- et post-thérapeutique », analyse le Dr Spielberger. La consommation de médicaments antidouleur a elle aussi été abaissée (8,3 jours dans le groupe pré-/post- contre 12,1 jours dans le groupe placebo), ainsi que le nombre de jours passés sous nutrition parentérale totale (7,7 jours contre 11,3).
Le traitement par rHuKGF a été globalement bien toléré. Les effets secondaires le plus fréquemment rapportés étaient des érythèmes modérés de la peau et une majoration asymptomatique de l'amylasémie et des taux de lipase.
Avant la demande d'autorisation auprès de la FDA américaine, une étude de phase III va être mise en place afin dévaluer le dosage et la durée optimale d'utilisation de ce produit.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature