U NIQUE en son genre, l'institut Alfred-Fournier, centre de santé installé dans le 14e arrondissement de Paris et spécialisé dans le dépistage et le traitement des maladies sexuellement transmissibles (MST), est menacé de disparition.
De l'aveu d'une source proche de la direction, ce sont des « questions de trésorerie » qui mettent aujourd'hui l'établissement en danger. En déficit depuis plus de dix ans (ses pertes représentent chaque année un dixième de son budget), Fournier met en avant, pour expliquer sa très mauvaise santé financière, les retards de remboursement de la Sécurité sociale et le faible niveau des aides publiques qui lui sont accordées. « Deux de nos demandes, à la mairie de Paris et au ministère de la Santé, sont restées sans réponse. Si rien ne se débloque avant un mois, nous risquons de disparaître », affirme-t-on à l'institut. Le silence de l'Etat et des collectivités est d'autant plus mal vécu que, comme l'explique le Dr Françoise Lunel, directrice médico-scientifique d'Alfred-Fournier, « cela fait des années que l'institut finance des actions de santé publique coûteuses pour lesquelles on lui promet des subventions ».
Rayé de la carte, Alfred-Fournier mettrait 120 salariés à la rue, laisserait une trentaine de médecins sans poste ou sans vacations. Or les praticiens insistent sur la qualité de travail qu'ils trouvent à Alfred-Fournier. « Ils ne sont pas poussés à faire des actes, ils peuvent prendre du temps pour voir leurs malades », estime Françoise Lunel-Fabiani. Et puis la mort de cet institut sexagénaire signerait surtout la fin de 60 000 consultations par an, priverait quelque 500 patients séropositifs d'un suivi complet et très régulier. Avec Alfred-Fournier, où sont formés à la lutte contre les MST de très nombreux médecins, disparaîtrait une structure sans équivalent en France et regroupant un centre de dépistage anonyme et gratuit, un dispensaire antivénérien, un centre de vaccination, une polyclinique et un laboratoire spécialisé.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que couve la crise. « Cela fait trois ans que nous appelons au secours », explique-t-on au centre de santé. Au fil des années, l'établissement s'est serré la ceinture. Un premier plan social il y a un an. Un service minimum cet été (trois heures par jour de consultations au lieu de huit) . A bout de souffle, l'établissement ne voit plus qu'un moyen d'échapper à la débâcle : une intervention financière rapide des pouvoirs publics.
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