La guerre éclair d'Afghanistan piétine à Kandahar où les talibans et leurs acolytes d'Al Qaïda ont juré de mourir plutôt que de se rendre. Effectivement, ils n'ont que ce choix ; les forces de l'Alliance et les Américains n'ont pas voulu porter une estocade qui aurait coûté cher en vies civiles.
Les bombardements américains préparent le terrain. La preuve est fournie qu'en Afghanistan, comme au Kosovo, le recours à l'aviation peut suffire à gagner la bataille. Le mollah Omar et Oussama ben Laden n'auront bénéficié que d'un sursis, même si, à ce jour, ils demeurent introuvables.
En dépit de toutes les prédictions apocalyptiques, la crise afghane évolue dans le bon sens. Il y a eu des exécutions sommaires, des civils victimes des bombardements, de malheureux Afghans écrasés par les palettes de l'aide humanitaire. Les organisations des droits de l'homme ont tempêté quand la révolte des talibans détenus dans la prison de Kunduz a tourné au massacre : mais ils étaient armés et ont tué beaucoup de soldats de l'Alliance avant de mourir. La défaite ne les a pas transformés en moutons. La tragédie afghane ne risquait pas de se terminer en embrassades, même dans un pays aussi imprévisible, où les renversements d'alliance, les trahisons, les défections font partie de la guerre.
Cependant, ceux qui ne pariaient par un afghani sur la conférence du Petersberg, à Bonn, se sont trompés : il a fallu du temps et de la patience, mais un gouvernement provisoire va être formé, un calendrier politique établi, avec des élections générales en 2004 et un partage des responsabilités entre ethnies et tendances. Certes, l'Afghanistan peut faire une rechute, mais la présence sur le terrain d'une force internationale n'est plus rejetée par l'Alliance.
Pour le moment, les Américains sont tolérés et ils veillent à prévenir les signes avant-coureurs d'un retour à l'anarchie ; le monde arabo-musulman est relativement calme, malgré le ramadan, malgré les bombardements d'une Amérique entêtée ; il n'y a pas un Etat au monde qui accorde aujourd'hui le moindre crédit aux talibans ou ne participe pas à la chasse des terroristes.
Les forces françaises et britanniques, après de longues palabres avec les dirigeants ouzbeks, ont pu enfin se déployer (les Français sont à Mazar-i-Charif, qui est en ruines). Le déminage des voies de communication a commencé. Malgré les vols et les pillages, l'aide alimentaire commence à être acheminée. Le bilan est, pour le moment, positif.
Après un instant de friction, causée par le rôle que les Américains niaient aux Britanniques, George W. Bush et Tony Blair filent, de nouveau, le parfait amour. La presse internationale publie des portraits éloquents et élogieux des deux hommes d'Etat, grandis par la crise. MM. Bush et Blair sont aussi les seuls à avoir admis qu'Israël a le droit de se défendre, ce qui lui est nié non seulement par les Etats arabes, mais par beaucoup d'Occidentaux.
La riposte d'Ariel Sharon, aussitôt décrit comme le « bulldozer » israélien, comme si un autre Premier ministre serait resté sans réaction, est moins dirigée contre les Palestiniens eux-mêmes que contre leur parc immobilier. Ce qui n'a pas empêché des éclats de bombe de causer, dans une école, la mort d'un enfant palestinien et des blessures à soixante autres. Il est donc souhaitable que cette riposte s'arrête, mais le Hamas a juré de se venger. Et s'il y a de nouveaux attentats, il y aura une autre attaque israélienne.
Le cabinet israélien est divisé. La solution politique est plus que jamais indispensable. Nous ne sommes pas hostiles à un règlement imposé qui, pour quelques années, séparerait complètement les deux peuples par la présence d'une force de l'ONU qui soit efficace, c'est-à-dire capable de prévenir le terrorisme.
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