« Ce que je ne peux pas vous dire ». Propos recueillis par Marie-Thérèse Cuny, commentaires du docteur Sylvie Angel

Mots et maux des collégiens

Publié le 10/02/2003
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Ils sont 26 (pré)adolescent(e)s, et il faudrait tous les citer, car ils nous apportent chacun quelque chose. 26 collégiens fréquentant des établissements difficiles ou tranquilles, dans des grandes villes comme dans des plus petites, à Paris comme dans les banlieues. Ce sont nos enfants, et on ne les connaît pas, on ignore du moins comment ils passent la plus grande partie de leurs journées, ce qu'ils font à l'école et surtout comment ils vivent cette école, ce collège où ils débarquent encore enfants et qui en fait des adolescents... autonomes ? révoltés ? épanouis ? désabusés ?

En découvrant les paroles de ces jeunes recueillies dans le plus strict anonymat, on a l'impression de pénétrer en territoire inconnu. Parce qu'on a peu de connaissances de ce qui se passe à l'intérieur des collèges, parce que la communication ne passe pas souvent entre parents et enfants. Il y est souvent question de violence, violences verbales ou petits délits, une violence au quotidien beaucoup plus importante et plus grave que ce qu'on imagine, souligne Sylvie Angel - pédo-psychiatre, fondatrice du Centre de thérapie familiale Monceau, directrice du Centre Pluralis - qui commente brièvement chaque intervention et donne quelques conseils aux parents. Mais ce qui transparaît surtout, ajoute-t-elle, c'est l'isolement des enseignants, leur carence de réponses psychologiques et d'une manière générale la carence de ce qu'on appelle le modèle identificatoire, d'adultes positifs. Et la nécessité, pour être intégré, d'être moyen et plus bon élève.
Des phrases de chaque témoignage servent de titres aux chapitres, en voici quelques-unes : « Soit c'est l'enfer, soit c'est top génial » ; « Au début ça craint, parce qu'on a l'impression qu'on va se faire tuer, et en fait on s'habitue » ; « Ils peuvent rien faire à part nous renvoyer. Ils vont pas nous tuer ! » ; « Les héros, les stars du collège et du lycée, c'est les trafiquants, les bordéliques, les racistes » ; « Il faudrait améliorer les profs. Mettre que des jeunes et que des hommes » ; « La prof m'a dit : tu finiras clochard » ; « Il faut nous donner à tous une chance parce qu'on peut aller loin » ; « L'année prochaine, je serai grande »...

Oh éditions, 334 p., 16,90 euros

M. F.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7271