LE CŒUR de l’été n’est certes pas la meilleure saison pour visiter Marrakech, avec des températures variant entre 40 et 50° et un air très sec. Mais à la nuit, la fraîcheur tombe, les sens revivent, la ville renaît et on se sent en forme pour apprécier les concerts et spectacles en plein air, et pour la plupart gratuits, qu’offre cette manifestation, d’autant qu’avec une urbanisation récente très réussie, les lieux de représentation sont facilement reliés. Mais c’est beaucoup par procession, à pied, que jeunes et moins jeunes se rendent sur ces sites, la plupart installés dans des quartiers pauvres, fortement surveillés par tout ce que la ville compte de policiers, gendarmes et militaires. Car il y a en a pour tous les goûts, et c’est la force de la nouvelle formule du festival, qui, à ses débuts, se bornait à mettre en valeur le patrimoine folklorique du Maroc.
Le directeur artistique Ahmed Tandjaoui a réussi le défi du siècle : fusionner les genres, les âges et les tendances. Ainsi certaines scènes offrent-elles des musiques de fusion, petits groupes de musiciens, comme le Zazz Band, dont nous avons pu apprécier le professionnalisme et le talent. Tous ne sont pas du même niveau mais tous ont leur chance de sortir des ghettos urbains qui les ont vus naître et de se produire devant un public très jeune et exigeant. La musique populaire, que l’on qualifie chez nous de variété, prend au Maroc, sous le nom de Chaâbi, une dimension moins restreinte, tant la qualité proprement vocale des interprètes est liée aux raffinements et aux racines folkloriques des accompagnants. Elle attire un public plus familial, celui de la génération de la diffusion par la télévision. On citera l’excellent groupe Tagada ou l’extrêmement populaire chanteur Stati, un maître dont le public boit avidement les textes, qui ne sont jamais dépourvus d’intention satirique voire provocante.
Mais le clou de ce festival est un spectacle complet pour plus de 2 000 spectateurs, qui a lieu chaque soir sur la scène de 600 m² à ciel ouvert devant un mur spectaculaire, digne de rivaliser en matière de décor naturel avec nos plus beaux théâtres antiques d’Arles ou d’Orange. Le palais El Badi, qui date du XVIe siècle, est situé en plein centre de la ville traditionnelle. Le show réunit ce que le Royaume compte de plus exceptionnel comme groupes folkloriques, qui se produisent dans toutes les régions mais principalement le Sud et les Atlas, plus traditionnels, soit 21 groupes, environ 500 artistes. Le tout est lié par un thème, cette année « L’âge des saisons », avec une audace et un sens du rythme exceptionnels, grâce aux soins du metteur en scène Abdessamad Dinia et aux éclairages somptueux. Des acrobates aux musiques pour mariages, des musiques plus religieuses ou carrément guerrières ou chasseresses aux danses les plus audacieuses, avec pour dénominateur commun cette poésie qui imprègne tous les arts orientaux, tout concourt à faire de ce spectacle, dans une débauche de couleurs, un acte quasi mystique, d’une grande magie, dont on ressort enchanté et convaincu de la grande diversité culturelle marocaine.
Prochain festival début juillet 2011. Renseignements : www.secretariatffm@menara.ma et + 212.5.24.43.17.21.
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