La mort subite par arrêt cardiaque est définie comme une mort naturelle de cause cardiaque, attestée par une perte de connaissance dans l'heure qui a suivi le début des signes. Même si l'existence d'une affection cardiaque était connue au préalable, le moment et les modalités du décès sont non attendus.
L'incidence des morts subites par arrêt cardiaque en dehors de l'hôpital est chiffrée à 8 pour 1 000 habitants par an chez les hommes âgés de 60 à 69 ans ayant des antécédents de cardiopathie. A l'autopsie, deux tiers des morts subites non traumatiques sont liées en tout premier lieu à une insuffisance coronarienne et à ses complications. Les fibrillations ventriculaires sont très habituellement à l'origine de ces collapsus cardio-vasculaires aigus (75-80 % des cas).
Prévention primaire de l'insuffisance coronarienne
Les coronaropathies ischémiques constituant le plus important pourvoyeur de décès d'étiologie cardiaque, tous les efforts doivent converger vers leur prophylaxie primaire. Cela implique d'étendre encore davantage les approches non pharmacologiques (hygiène de vie, suppression du tabagisme, régime alimentaire équilibré, exercice physique).
Néanmoins, la mort subite par arrêt cardiaque est souvent révélatrice d'une affection cardiaque jusque-là méconnue. Le dépistage systématique prend ici toute sa place, afin de mettre en évidence, à l'aide de moyens simples (ECG, profil lipidique), des anomalies susceptibles de complications cardiaques aiguës.
Les patients à très haut risque en post-IM
En post-infarctus du myocarde, des examens de routine permettent aisément de stratifier les patients à haut risque de mort subite ou d'arythmies ventriculaires menaçant le pronostic vital. On connaît les facteurs pronostiques péjoratifs liés aux altérations structurelles (diminution de la fraction d'éjection ventriculaire gauche) et à un déséquilibre du système nerveux autonome avec instabilité électrique (abaissement de la variabilité de la fréquence cardiaque et de la sensibilité baro-réflexe). A partir de ces constatations, les mesures prophylactiques appropriées peuvent être mises en place (traitements non électrophysiologiques de prévention primaire, antiarythmiques et, dans certains cas, implantation sous-cutanée d'un défibrillateur).
Défibrillateurs implantables
Divers essais cliniques de prévention primaire comparant les défibrillateurs implantables au traitement médical optimal ont montré que, chez les patients à très haut risque (antécédents d'IM avec fonction VG résiduelle diminuée, tachycardies ventriculaires non soutenues asymptomatiques), le défibrillateur implantable induit une réduction de la mortalité toutes causes confondues. Ce dispositif fait céder les arythmies ventriculaires rapides à l'origine des arrêts cardiaques.
Cependant, son coût très élevé limite son champ d'application à ces seuls patients, les autres relevant des traitements pharmacologiques classiques.
Le défibrillateur est utile non seulement dans les cardiopathies ischémiques, mais aussi dans certaines affections congénitales (cardiomyopathies hypertrophiques, syndrome de Brugada et syndrome du QT long) et chez l'enfant.
Le succès des défibrillateurs semi-automatiques
Les experts de l'ESC ont insisté sur la nécessité d'améliorer les gestes de réanimation portés aux victimes d'un arrêt cardiaque. Immédiate et appropriée, elle majore la probabilité de survie sans séquelles. Chaque minute écoulée entre l'arrêt cardiaque et la défibrillation externe diminue de 10 % la probabilité de survie. Le taux de succès de la réanimation des sujets en arrêt cardiaque en dehors du milieu hospitalier devrait augmenter par la mise à disposition de défibrillateurs externes semi-automatiques dans des lieux publics comme les aéroports. D'après le Dr S. G. Priori, leur utilisation pourrait être étendue dans certains pays aux ambulanciers, policiers et pompiers. Elle conclut « qu'à l'aéroport de Chicago, où des défibrillateurs ont été installés, la probabilité de survie d'un sujet en arrêt cardiaque est de 60 % ; elle chute à 5 % s'il survient sur la voie publique ».
D'après S. G. Priori et coll., « European Heart Journal », aôut 2001, 22 ; 16, 1374-1450.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature