En 1997, une étude avait été publiée suggérant une augmentation du risque de mort subite du nourrisson chez les bébés dormant sur un matelas déjà utilisé par un autre enfant. On connaissait déjà deux facteurs de risque majeurs de MSN : l'alitement des bébés en position ventrale et le tabagisme parental. Le travail que publient David Tappin et coll. (Glasgow) confirme la réalité de cette troisième donnée, au terme d'une étude cas-contrôle réalisée en Ecosse, à l'aide d'un registre général où sont consignées l'intégralité des MSN.
« L'association entre la MSN et l'usage d'un matelas usagé d'enfant est statistiquement valide et relativement forte, avec un odd ratio de 3 », observent les auteurs. Elle est d'autant plus nette que le matelas a été utilisé antérieurement non par un enfant de la même fratrie, mais par un enfant provenant d'un foyer différent.
L'étude a été menée en Ecosse, pays dont la population totale est de 5,1 millions d'habitants, avec environ 52 000 naissances par an. Les auteurs ont sélectionné 131 cas de MSN répondant aux critères d'inclusion de l'étude, entre janvier 1996 et le 31 mai 2000, intervalle au cours duquel elle a été réalisée. Un cas était éligible dans la mesure où la MSN était survenue entre le 7e jour de vie et la fin de la première année d'âge. On a choisi comme contrôles, des bébés nés peu avant ou peu après le cas dans le même hôpital. On note que les bébés dormant couramment dans le lit de leurs parents ont été exclus.
Une visite au foyer des cas a été réalisée, pour compléter le remplissage d'un questionnaire. Ont été recueillies des données portant sur les conditions médicales, socio-économiques, familiales (fratrie). Et surtout des détails concernant la literie et le déroulement de la dernière nuit avant la survenue de la MSN : provenance du matelas, usure de ce dernier, partage d'un lit ou d'un siège avec un autre enfant. Chez les bébés contrôles, ces questions ont porté sur la nuit précédant l'entretien.
Odd ratio 4,7, si le matelas provient d'ailleurs
L'alitement sur un matelas déjà usagé est un facteur de risque significatif de MSN pour une utilisation en routine et encore plus si l'enfant était couché dessus pour sa dernière nuit, ce que témoignent des odds ratio respectifs de 3 et de 6,1. C'est en s'intéressant à l'origine du matelas que l'on s'aperçoit que l'odd ratio est de 4,7 s'il provient d'une autre maisonnée tandis qu'il n'est que de 1,6 s'il appartient à un enfant du même foyer. L'association se renforce, mais sans être significative, avec l'augmentation du nombre des utilisateurs précédents.
La nature du travail ne permet pas de connaître la relation de cause à effet. Tout au plus peut-on avancer des hypothèses. Comme celle des bactéries toxigènes. Certaines études ont en effet mis en cause ce type de microorganismes ainsi qu'une susceptibilité aux infections dans la survenue des MSN. Or de telles bactéries ont été décelées dans les matelas d'enfants.
Des variables concernant le statut socio-économique représentent l'explication la plus plausible à cette relation matelas usagé-MSN, même si le questionnaire ne permet pas de les détailler.
« British Medical Journal », 2 novembre 2002, pp. 1007-1009.
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