De notre correspondant
L' ANNEE dernière, le Dr Faith Fitzgerald, de l'université de Californie, a publié une étude qui a fait la première page des journaux grand public américains. Elle affirmait que Mozart est mort d'une fièvre rhumatismale. Dans les « Archives of Internal Medicine » du 11 juin, le Dr Ian Hirschmann évoque une trichinose. Dans les deux cas, l'hypothèse d'un crime commis par Salieri est écartée.
Mozart est mort à l'âge de 35 ans à Vienne, le 5 décembre 1791. Le Dr Hirschmann a soigneusement examiné les symptômes décrits dans la littérature et estime qu'ils incitent à porter le diagnostic de trichinose : forte fièvre, éruption cutanée, douleurs musculaires et dèmes, tous ces symptômes pourraient être ceux que l'on relève chez un patient qui aurait consommé de la viande de porc insuffisamment cuite.
Le Dr Hirschmann dispose d'un argument de poids. Il a retrouvé, dans une lettre que Mozart a adressée à son épouse 44 jours avant sa mort et qui figure dans ses biographies, la phrase suivante : « Qu'est-ce que je sens ? Des côtelettes de porc ! Che gusto ! (quelle saveur, en italien). Je vais manger à ta santé. »
Le Dr Hirschmann note que la période d'incubation de la trichinose peut aller jusqu'à 50 jours et que, si c'est bien de cette maladie que Mozart est mort, il se peut qu'il ait involontairement révélé la cause de la maladie.
Fièvre miliaire
Mozart est mort 15 jours après être tombé malade. Ses médecins ont été plutôt vagues sur son décès, en l'attribuant à une « fièvre miliaire sévère ». Ils n'ont pas demandé d'autopsie. Sa femme, Constance, a affirmé qu'il avait été empoisonné et des rumeurs persistantes ont accusé Salieri d'avoir assassiné le grand compositeur.
Mais depuis au moins un siècle, les théories diverses sur la mort de Mozart écartent l'hypothèse du crime. Le Dr Hirschmann, infectiologue de formation, se déclare d'emblée hostile à cette hypothèse. Hirschmann note que, lors du décès de Mozart, il y avait à Vienne une épidémie non spécifiée et que la trichinose n'a été identifiée qu'en 1800. Depuis, des médicaments capables de tuer le parasite ont été mis au point et la maladie est rarement mortelle.
D'autres études évoquent une pneumonie et des complications cardiaques chez Mozart. Or ces complications peuvent être provoquées par la trichinose, mais elles ne suffiraient pas, à elles seules, à donner une explication satisfaisante de son décès.
Le Dr Faith Fitzgerald, auteur de l'étude qui attribue la mort de Mozart à une fièvre rhumatismale n'est pas du tout ennuyée de la parution de l'étude de Hirschmann, dont elle affirme qu'elle n'est pas la dernière. « On nous a déjà proposé au moins 150 diagnostics, dit-elle, Hirschmann nous en propose un autre.Ce qui est surprenant, ajoute-t-elle, c'est l'effort qui a été fourni jusqu'à présent pour établir une vérité qu'il est probablement impossible d'établir. »
Sept ans après la mort de Mozart, sa dépouille a été exhumée et sa tombe a servi à d'autres funérailles. De sorte qu'il n'est pas possible aujourd'hui d'analyser ses cendres. Bien qu'elle ne soit pas embarrassée d'avoir participé à un effort qu'elle juge inutile, le Dr Fitzgerald estime que, si les chercheurs publient autant d'études sur la mort de Mozart, c'est sans doute parce qu'ils ne courent pas le risque d'être contredits par les faits.
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