C'EST UN PERSONNAGE haut en couleur qui vient de disparaître. Maurice Derlin, qui a présidé de 1967 à 1991 la Caisse nationale d'assurance-maladie, vient de décéder à l'âge de 82 ans, à Chartres, où il avait commencé sa vie professionnelle et où il s'était retiré.
Elu à la tête de la Cnam après la promulgation des ordonnances de 1967 sur la Sécurité sociale, qui créaient notamment les trois caisses nationales, Maurice Derlin a été un président respecté, malgré un caractère difficile, par les responsables des syndicats médicaux.
Membre de FO, il a dirigé la Cnam avec pour alliés la Cftc, la CGC, et le patronat (alors le Cnpf).
Celui que l'on surnomma « le pape de l'assurance-maladie », tant son emprise était forte, négocia et signa la première convention médicale nationale avec la Csmf et la FMF. La petite histoire dit qu'il a rédigé ce texte dans une villa du sud de Paris avec le président de la Csmf, autre figure emblématique de l'époque, le Dr Jacques Monier.
Autre grand moment de la vie professionnelle de Maurice Derlin : la mise en place en 1980 du secteur à honoraires libres, du fameux secteur II, dont il signa l'accord avec la FMF, alors présidée par le Dr Jean Belot. Les médecins qui ont vécu ce moment se souviendront des batailles qui ont accompagné cette réforme et de l'opposition déterminée de la Csmf à ce secteur à honoraires libres. Les temps ont bien changé : la confédération était allée jusqu'à créer un front commun d'opposition avec la CGT et la Cfdt. Une alliance qui n'avait pas été bien vécue au sein de la Csmf, ce qui a plus tard coûté son poste de président au leader de la confédération.
Mais Maurice Derlin a obtenu gain de cause, et le secteur II a rapidement connu un certain succès auprès de médecins libéraux. Un succès qui inquiéta tous les gouvernements, qu'ils fussent de gauche ou de droite. A tel point que son accès est fermé, à part quelques exceptions, aux médecins libéraux depuis 1989.
On peut situer le début de la chute de Maurice Derlin à partir de cette année 1989, lors du remplacement d'André Bergeron à la tête de Force ouvrière. Il est rapidement apparu que le nouveau patron de FO voulait changer les têtes, et notamment celle de la Cnam. Plusieurs raisons à cette mutation : d'abord, les relations médiocres que le président de la caisse entretenait avec le nouveau maître de FO (Maurice Derlin avait fait campagne pour son concurrent) et, ensuite, la signature d'un avenant conventionnel avec MG-France, prévoyant un système d'abonnement entre les généralistes et les patients qui le souhaitaient. Un système vivement critiqué au sein de FO et combattu avec acharnement par les autres syndicats médicaux, la Csmf, la FMF et le SML.
Remplacé à la tête de la Cnam par l'homme de Marc Blondel, Jean-Claude Mallet, Maurice Derlin, qui avait consacré sa vie au syndicalisme et à FO, se retirait alors à Chartres, avec un fort sentiment d'amertume, d'ingratitude et d'injustice qui ne l'a sans doute jamais quitté.
Assurance-maladie
Mort de Maurice Derlin, l'homme de la première convention
Publié le 13/02/2007
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> J. D.
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 8105
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