L'étude de la localisation des morsures dues à un animal familier chez l'enfant montre qu'elles surviennent deux fois plus souvent aux membres supérieurs qu'aux membres inférieurs, et que la face est atteinte dans 20 % des cas. En grande majorité, les lésions sont des éraflures bénignes qui, avec des soins locaux adéquats, guérissent sans laisser de trace. Mais le risque demeure d'une lymphangite rapidement évolutive, motivant dans certains cas l'hospitalisation de l'enfant, pour un traitement antibiotique intraveineux, une surélévation du membre et une surveillance.
Au visage, les plaies extrêmement délabrantes doivent faire l'objet d'une réparation chirurgicale soigneuse faisant appel aux techniques de chirurgie réparatrice les plus sophistiquées.
Les morsures des membres supérieurs et inférieurs ne sont pas du même type. En haut, les lésions siègent souvent à la main. Les éléments nobles y sont très superficiels, faisant courir des risques d'arthrite avec destruction des articulations et épiphysiodèse des cartilages de croissance, de phlegmon des gaines. Ces différents risques justifient une exploration chirurgicale pour parage et lavage des plaies avec réparation de tous les éléments lésés, sous couvert d'une antibiothérapie adaptée.
Morsures de pitt-bull ou de rottweiller
Au membre inférieur, un chapitre particulier doit être consacré aux morsures de pitt-bull ou de rottweiller. Les lésions sont ici extrêmement étendues, circonférencielles et pluritissulaires, pouvant exposer les grandes articulations. Ce type de lésions laisse des séquelles fonctionnelles et esthétiques majeures.
Enfin, comme toute lésion infectieuse, les morsures peuvent être compliquées de méningites, d'endocardites, d'arthrites ou de chocs septiques.
Deux tiers des prélèvements provenant de morsures sont polymicrobiens. Les germes inoculés sont de deux origines : ceux résidant sur la peau humaine avant inoculation et ceux présents dans la cavité buccale ou la salive de l'animal. La variété des micro-organismes de la flore buccale explique la fréquence et la diversité des contaminations des plaies de morsures. Parmi les germes le plus fréquemment isolés, le genre Pasteurella occupe la première place. En l'absence d'une antibiothérapie précoce (cyclines, pénicillines), l'infection peut évoluer vers une atteinte loco-régionale non suppurative. Une forme systémique de pasteurellose peut faire suite à la forme locale ou survenir d'emblée (patients immunodéprimés). Ces formes (ORL, respiratoires, urogénitales, neuroméningées, digestives, ophtalmiques, septicémiques) peuvent être d'évolution fatale (14 % des cas).
Bactéries transmises par le chien et le chat
Des infections à germes aérobies et anaérobies, souvent associées à la pasteurellose, sont fréquemment décrites lors de morsures délabrantes. Les germes isolés sont variés (staphylocoques, streptocoques, moraxelles, Neisseria, corynébactéries...), et certains sont spécifiquement transmis par morsure ou griffure : bactéries du groupe EF-4, Neisseria waeveri, Neisseria canis... Ces bactéries spécifiques, plus fréquemment transmises par le chien et le chat, sont retrouvées dans 2 à 15 % des morsures. Elles peuvent être à l'origine de complications gravissimes (septicémie foudroyante, endocardite, méningite, CIVD...). Le diagnostic peut être long et le traitement doit s'appuyer sur un antibiogramme.
Enfin, en ce qui concerne le risque de transmission de la rage, la vigilance doit continuer de s'imposer. Le risque d'infection doit être apprécié par un centre antirabique qui prend en compte le siège de la morsure, l'animal responsable, sa localisation géographique et sa surveillance par un vétérinaire... Une vaccination spécifique, voire des gamma-globulines spécifiques, peuvent être alors proposées avant toute apparition de symptômes.
<*L>Entretiens de Bichat 2001, table ronde à laquelle participaient H. Brugère (école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort), M.-C. Romana (hôpital Trousseau, Paris), H.-J. Boulouis (école nationale vétérinaire de Maisons-Alfort) et J.-P. Kieffer (Syndicat national des vétérinaires français).
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