À Paris, un siècle de swing, de blues, de be-bop…

In the mood for jazz

Publié le 02/04/2009
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Crédit photo : STUDIO MUSEUM IN HARLEM

ON A COUTUME de dater de 1917 la date de l’apparition du jazz. C’est cette année-là que fut enregistré le premier disque inscrivant « jazz » sur sa pochette : un 78 tours de l’Original Dixieland `Jass’ Band. Mais l’engouement absolu pour cette musique hybride et révolutionnaire, fondée sur la toute puissance du rythme, remonte précisément au lendemain de la Première Guerre. Dès lors, on parla de « Jazz Age » pour caractériser la décennie des années folles qui vibra et s’enthousiasma, de Harlem à Paris, pour la culture afro-américaine, celle-là même qui fut à l’origine du jazz. Matisse, Fernand Léger, Picasso, Otto Dix, Van Dongen, s’inspirèrent dans leurs toiles des cadences endiablées et frénétiques des ragtimes et autres fox-trot.

L’exposition du Quai Branly, conçue par le philosophe et critique d’art Daniel Soutif, fourmille de toiles d’un grand intérêt. Elle est également ponctuée de bornes audiovisuelles et sonores, de nombreuses photos, de partitions, de livres, d’affiches d'époque, d’extraits cinématographiques… Rien n’est oublié de la fantastique aventure du jazz et le voyage est enthousiasmant. Du swing et des grands orchestres de Duke Ellington et Count Basie (illustrés par une toile de Dubuffet, des films des années 1930… etc.), on passe au boogie-woogie (qui fascina Mondrian), au be-bop lancé par Charlie Parker et Miles Davis entre autres, et au free jazz des années 1960, qui libéra un peu plus encore le genre musical (Jackson Pollock en donne une version peinte avec ses toiles expressionnistes abstraites couvertes de « dripping » et « dégoulinades » instinctives).

L’exposition, à la fois didactique et pleine de fantaisiste, est remarquable à plus d’un titre. Elle nous renseigne copieusement sur l’histoire de « la plus savante des musiques populaires ». Elle est ensorcelante comme un solo de John Coltrane et piquante comme une improvisation d’Ella Fitzgerald.

- Catalogue, éd. Musée du quai Branly/Skira Flammarion, 416 p., 49,90 euros

- Musée du quai Branly, tél. 01.56.61.70.00. Jusqu’au 28 juin.

D. T.

Source : lequotidiendumedecin.fr