PREMIÈRE des symphonies et cycles de Lieder de Gustav Mahler dont s’est emparé Neumeier, la « Troisième », avec son programme qui convoque la nature, l’humain et le cosmique, est aussi une des plus variées musicalement avec ses six mouvements, son riche effectif orchestral, son chur d’enfants et l’intervention d’un alto solo pour chanter un Lied sur un poème d’« Ainsi parlait Zarathoustra ».
Cette longue composition date de l’époque où Neumeier s’attaquait volontiers à des uvres musicales fleuves comme la « Passion selon Saint-Matthieu » de Bach et le « Requiem » de Mozart, avant d’aborder des sujets plus littéraires. Ici l’adéquation à la musique est constante et ceux qui recherchent ce Neumeier-là seront surpris par la tonalité quasi abstraite de sa fresque chorégraphique, qui est tout autant à l’écoute du propos musical que du projet très complexe et hautement intellectuel de Gustav Mahler. Celui-ci offre au chorégraphe six parties aux climats bien tranchés qui lui permettent de déployer des ensembles extrêmement raffinés, comme dans le si long premier mouvement (L’éveil de Pan, L’été arrive chez Mahler, Hier chez Neumeier) qui évoque toutes les guerres passées avec plus de trente hommes sur scène.
Les climats créés par les superbes éclairages et les décors abstraits signés par le chorégraphe permettent l’évocation des étapes de la vie et de la création. Les interprètes sont magnifiques, notamment Clairemarie Osta dans le pas de l’Ange et dans le duo final de Ce que me conte l’Amour avec Nicolas Le Riche, lui plus froid qu’il n’a jamais été dans le rôle principal de ce ballet. Superbes apparitions de Jérémie Bélingard, de Delphine Moussin et d’Isabelle Ciaravola. Mais c’est un ballet d’ensembles et de groupes et il faut louer le travail de l’ensemble de la compagnie.
L’interprétation musicale de cette « Troisième » restera parmi les grands souvenirs de l’Orchestre de l’Opéra de Paris, frémissant sans pathos excessif sous la baguette du chef australien Simon Hewett et grâce à l’intervention surnaturelle de Dagmar Peckova dans O Mensch de Nietzsche, le cur nocturne de cette uvre monumentale.
Opéra de Paris - Salle Bastille : 08.92.89.90.90 et www.operadeparis.fr - les 31 mars, 3, 6, 8 et 11 avril à 19 h 30. Prix des places : de 5 à 80 euros.
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