CETTE ENQUÊTE, pilotée par l'Institut français de Lille, l'université Louis-Pasteur de Strasbourg, l'INSERM de Toulouse, avec le soutien de Pfizer, s'est déroulée de 2005 à 2007 et a inclus 4 800 sujets de 35 à 74 ans (hommes et femmes), représentatifs de la population, tirés au sort sur les listes électorales. Elle s'inscrit dans la continuité d'enquêtes aux objectifs et méthodologies similaires dénommées MONICA, menées en 1985, puis en 1995, dans les mêmes régions françaises, avec des échantillons de sujets toutefois différents.
Les premières données analysées portent sur des objectifs précis, la prévalence de la surcharge pondérale et de l'obésité, sur l'équilibre des diabétiques de type 2 traités, sur la prise en charge du cholestérol plasmatique des sujets à haut risque, sur l'évolution de la consommation de tabac chez les femmes depuis dix ans, sur l'évolution des chiffres de pression artérielle et leur prise en charge.
Gradient nord-sud
De cette étude, il ressort en premier lieu que la France s'inscrit dans le gradient européen des maladies cardio-vasculaires, avec plus d'incidents cardio-vasculaires dans le nord du pays que dans le sud.
Poids
L'obésité et la surcharge pondérale prennent une évolution préoccupante : 67,1 % des hommes et 50 % des femmes de 35 à 74 ans présentent une surcharge pondérale ou une obésité. La prévalence : de 54 % pour les 35-44 ans, elle passe à 77 % pour les 65-74 ans chez l'homme et de 31 % à 67 % chez la femme. Cette prévalence que l'on peut qualifier d'alarmante est en moyenne plus faible dans le sud-est de la France que dans le nord (62 % à Toulouse contre 88 % à Lille chez les hommes, 42 % contre 54 % chez les femmes). Ces chiffres élevés ont surpris ; dorénavant, on considère une sous-estimation importante de l'obésité et de la surcharge pondérale en France.
Tabac
Sur le tabagisme, il apparaît que 20 % des hommes fument. Ils fument plus à Lille (22 %) qu'à Toulouse (19 %). En comparaison avec la dernière étude MONICA, on constate chez la gente masculine une diminution régulière du tabagisme de 7 % dans chaque tranche d'âge.
Quant aux femmes, elles sont moins nombreuses à fumer (14 %), mais leur nombre est resté stable par rapport à l'étude MONICA de 1995. Elles fument plus à Toulouse qu'à Lille ou Strasbourg. Celles qui fument abandonnent le tabagisme plus tardivement. Si on assiste à une diminution de la proportion de fumeuses chez les femmes jeunes, à l'inverse, le tabagisme par rapport à l'étude MONICA augmente chez les femmes de 45 à 54 ans (de 14 % en 1995 à 20 % en 2005). Enfin, la proportion des anciens fumeurs, hommes et femmes confondus, a augmenté en valeur absolue de 6 %. Et précisons que 1 homme sur 3 et 2 femmes sur 3 n'ont jamais fumé.
Diabète
Sur le diabète, l'enquête fait apparaître de grandes disparités tant régionales qu'en fonction de l'âge et du sexe. On relève 9,6 % de patients diabétiques dans la région de Lille, contre 9,9 % dans celle de Strasbourg et 7 % dans celle de Toulouse. Entre 35 et 44 ans, 2,4 % des hommes sont diabétiques et 1,2 % des femmes. Avec l'âge, le pourcentage des diabétiques augmente de façon considérable : entre 65 et 74 ans, 19,9 % des hommes sont diabétiques et 11,5 % des femmes. Autre enseignement, les analyses réalisées sur les patients diabétiques soulignent une insuffisance d'efficacité dans la prise en charge. Près de 40 % d'entre eux ont une glycémie anormale malgré les traitements…
Lipides
Sur les dyslipidémies, un des principaux facteurs de risque cardio-vasculaire, force est de constater que leur prise en charge est loin d'être satisfaisante. Chez les patients à haut risque vasculaire, représentant 16,7 % de la population de MONA LISA (antécédents cardio-vasculaires, diabétiques, patients « multirisques », avec un risque de Framingham élevé) et devant suivre un traitement d'après les recommandations de l'AFSSAPS, seulement 47 % recoivent un traitement visant à normaliser leur hypocholestérolémie (82 % le sont par statines, 13,6 % par fibrates). Outre cette faible proportion de patients à haut risque traités, l'étude souligne que 27,7 % de ces sujets à haut risque traités, soit une personne sur cinq, atteignent l'objectif prôné par l'AFSSAPS (LDL cholestérol < 1 g/l).
HTA
Sur l'hypertension artérielle, l'étude MONA LISA souligne une légère diminution de la prévalence. Globalement, 45 % des hommes sont hypertendus en 2005 et 30 % des femmes (en 1995, 48 % d'hommes hypertendus, contre 38 % de femmes). Cette prévalence augmente avec l'âge (+ 15-20 % par décennie). On relève une nette amélioration du contrôle de l'HTA. Tous âges confondus, 23 % des hommes et 36 % des femmes sont contrôlés par le traitement et atteignent les objectifs thérapeutiques (140/90 mmHg).
D'après une conférence de presse organisée par Pfizer France, en présence du Pr Philippe Amouyel (directeur de l'institut Pasteur, INSERM U744, Lille), du Pr Jean Ferrières (cardiologue, INSERM U558, Toulouse), du Dr Dominique Rveiler (épidémiologiste, université Louis-Pasteur, Strasbourg), du Dr Yannick Pletan (vice-président scientifique et médical de Pfizer France).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature