« Non, jure Gérard Miller, mes interventions à la télé et la notoriété qui en découle n'interfèrent en rien avec ma pratique dans mon cabinet. J'ai une grande capacité à passer sans temps mort d'une activité à une autre : de l'enseignement à la clinique, de la clinique à l'écriture, de l'écriture à la télé, etc. Sans temps mort et sans confondre les genres. Et si d'aventure des interférences devaient survenir, j'arrêterais à l'instant même la télé. Car la séparation des genres est la condition même de leurs exercices. C'est grâce à elle que mes étudiants ne m'écoutent pas comme un humoriste, que mes patients ne me prennent pas pour un prof et mes petits camarades de la "bande à Ruquier" ne sont pas sûrs que je sois psychanalyste - ça me convient ! »
Un élément de facilitation.
Même s'il affirme qu'il s'inflige une sévère diète médiatique depuis quelques années, limitant à deux ou trois heures par semaine le temps qu'il consacre aux caméras et donnant souvent sa préférence aux radios sur les télés, le Pr Marcel Rufo reste un des médecins les plus regardés de France sur le petit écran. « Je ne vous dirai pas que ça me plaît, mais je ne vous dirai pas non plus que ça me déplaît. Dans l'ensemble, j'ai l'impression que la célébrité est un élément de facilitation de ma pratique et qu'elle me permet d'aller plus loin et plus vite dans la relation avec mes jeunes patients. Quand je suis d'astreinte et que j'entends un gosse s'exclamer en me reconnaissant "Ah ! C'est vous, vous faites encore des consultations !" , c'est toujours bénéfique. Comme si, par la télé, les jeunes métabolisaient tout ce qui est bon. Et si un jour je devais percevoir un effet néfaste de la télé sur la pratique, je crois que j'arrêterais aussitôt de participer à des émissions. Mon métier, c'est la clinique, pas la télé ! »
Les jeunes des banlieues qui atterrissent dans le service du Dr Destal reconnaissent aussi « le psy » du Loft. « C'est l'affaire d'un instant, ils me disent qu'ils m'ont vu à la télé et on enchaîne immédiatement sur leur histoire à eux. Cela se passe toujours bien, car je crois avoir montré à l'antenne que la psychiatrie pouvait être simple et dépourvue de danger. »
Pour intervenir régulièrement dans l'émission « Arrêt sur image » sur France 5 et être régulièrement sollicité par les autres chaînes, notamment dans le cadre des journaux télévisés, le Dr Serge Tisseron estime, pour sa part, que son « statut télévisé n'a apparemment rien changé » dans les attitudes de ses patients à son égard. « Les adultes n'y font pas du tout allusion. C'est comme si la télé et la pratique psychanalytique constituaient deux mondes parallèles. »
Aucun des interlocuteurs du « Quotidien » n'éprouve les préventions qui furent, en leur temps, dans les années 1970, celles de Françoise Dolto. « Quand son émission de radio, sur France Inter, "Lorsque l'enfant paraît" lui a procuré une importante célébrité, témoigne sa fille, le Dr Catherine Dolto-Tolitch, qui fut son assistante, elle a préféré mettre un terme à son activité libérale et ne plus intervenir qu'auprès des enfants de la Ddass. Elle jugeait que sa notoriété lui conférait trop de pouvoir sur ses jeunes patients. Du reste, elle s'abstenait systématiquement de jouer les donneuses de conseils à l'antenne, renvoyant les parents qui l'interrogeaient à leur propre conscience et à leur jugement de bon sens. Alors, a fortiori, s'emporte-t-elle, ma mère n'aurait jamais accepté le principe d'intervenir devant des caméras de la télévision. Autant la radio peut bien se prêter à la vulgarisation, autant exhiber des troubles psycho-affectifs sur un plateau, devant un public de téléspectateurs, constituait à ses yeux une perversion et conduisait à la catastrophe. »
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