IL N’Y A PAS si longtemps, l’intolérance au gluten était considérée comme une maladie rare. Aujourd’hui, on estime sa prévalence à 1 personne sur 100 à 200. En dix ans, la recherche a progressé, et les malades se sont organisés. L’Association française des intolérants au gluten (Afdiag)*, qui regroupe 6 500 adhérents a tenu tout récemment à Lille le deuxième colloque sur la maladie coeliaque.
Jusqu’en 1995, faute de données épidémiologiques, cette pathologie était largement sous-estimée. Selon des études françaises, sa prévalence se situait entre 1,3 et 6 pour 100 000. Or on sait aujourd’hui que la maladie touche beaucoup plus de personnes : d’après une étude menée en 2001 dans la communauté urbaine de Lille (sur un échantillon représentatif de 1 163 personnes âgées de 35 à 64 ans), la prévalence se monte à 258 pour 100 000.
Le traitement étant très efficace – même s’il reste contraignant, car il consiste à évincer totalement le gluten de l’alimentation – et le risque de complication néoplasique étant élevé, une meilleure détection des patients est nécessaire. Actuellement, de 10 à 20 % des cas seulement sont diagnostiqués. «Pour l’heure, les recherches portent largement sur des solutions alternatives au régime sans gluten, explique le Dr Nadine Cerf-Bensussan, directrice de recherche à l’Inserm. Ce régime, très efficace et sans risque, serait en effet mal suivi par 50% des patients en France. Il est nécessaire de mieux comprendre l’activation du système immunitaire par les peptides du gluten pour pouvoir à terme proposer des agents antagonistes capables de bloquer cette activation. Cette recherche passe par la création de modèles animaux de maladies coeliaques pour obtenir une première validation des traitements.»
La découverte récente d’enzymes capables de digérer le gluten et d’assurer sa détoxification ouvre des perspectives prometteuses. Les chercheurs se penchent également sur les formes rares de maladie coeliaque résistantes au régime sans gluten. L’une des pistes étudiées consisterait à bloquer l’action intestinale de l’IL15 chez ces patients.
* Tél. 01.56.08.08.22, www.afdiag.org.
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