LA QUATRIEME enquête sur la santé et les consommations lors de l'appel de préparation à la Défense (Escapad), réalisée en mai 2003 par l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (Ofdt), a porté sur 15 710 jeunes de 17-18 ans. Elle fait le point, comme les précédentes, sur les usages d'une douzaine de substances psychoactives à la fin de l'adolescence.
Baisse du tabagisme quotidien et occasionnel.
Près d'un jeune de 17-18 ans sur deux (47,7 %) déclare avoir fumé au cours des trente derniers jours, dont 48,2 % des filles. Un quart indiquent avoir « juste essayé » le tabac et 4,3 % sont d'anciens fumeurs. Douze pour cent présentent des signes de forte dépendance (plus de 20 cigarettes par jour, la première au réveil) et notamment les filles (13,1 %). La proportion de fumeurs quotidiens est cependant en baisse par rapport à 2000 : de 40,2 à 37,2 % chez les filles et de 41,9 à 38,1 % chez les garçons. Et la tendance est la même pour l'usage occasionnel.
Le tabagisme peut coûter cher : les dépenses mensuelles sont de l'ordre de 8 euros pour les fumeurs occasionnels, mais de 58 euros pour les fumeurs quotidiens et de 88 euros pour ceux qui grillent plus de 10 cigarettes par jour, soit 40 % de leur budget.
Cannabis : un premier tassement.
La consommation de cannabis n'est pas rare : un tiers disent avoir fumé au moins un joint, principalement au moment du week-end, au cours du mois écoulé (37,9 % des garçons et 26,3 % des filles). Mais, pour la première fois depuis le début des années 1990, marquées par une progression constante du nombre des fumeurs, la proportion d'usagers réguliers accuse un tassement : elle est passée de 17,7 % en 2002 à 14,6 % pour les garçons en 2003 et de 6,8 % à 6,5 % pour les filles. En revanche, le pourcentage de premières expériences augmente, à 17 ans, de 45,5 % en 2000 à 50,3 % en 2003 ; entre 2002 et 2003, le mouvement affecte les seules filles, une baisse s'amorçant chez les garçons. Chaque mois, les frais que cela entraîne varient de 27 euros à 54 euros, voire 80 euros pour les fumeurs de joints quotidiens (33 % du « revenu jeunes »)
Les buveurs réguliers en hausse.
A 17-18 ans, l'alcool est de très loin le produit psychoactif le plus prisé. Au cours des trente derniers jours, 76,2 % des filles et 84,2 % des garçons en ont consommé. Son usage régulier se répand parmi les jeunes de 17 ans : en 2003, il a concerné 7,5 % des filles (contre 5,5 % en 2000) et 21,2 % des garçons (contre 16 %). Quant aux ivresses, la proportion de ceux qui s'y adonnent est resté stable entre 2001 et 2003.
Des trois produits les plus diffusés, l'alcool est celui pour lequel, en matière d'usage régulier, la différence est la plus marquée entre les sexes. Dans tous les cas, il en coûte par mois de 26 euros en moyenne à 65 euros pour les buveurs réguliers et 130 euros aux garçons qui boivent tous les jours (38 % du « revenu jeunes »).
Au total, relève l'Ofdt, les sommes dépensées chaque mois par l'ensemble des 17-18 ans en 2003 se situeraient entre 26 et 42 millions d'euros pour l'alcool, 35 et 53 millions d'euros pour le tabac, et 12 et 21 millions d'euros pour le cannabis.
Augmentation des médicaments psychotropes.
Une autre hausse est inquiétante, celle de la consommation de médicaments psychotropes : en 2003, à 17 ans, un individu sur quatre (une fille sur trois et un garçon sur six) en a fait l'expérience, contre un sur cinq en 2000. L'usage régulier a augmenté également parmi les filles (4,5 %), marquant un net écart avec la consommation des garçons (2,6 %).
Pour les autres produits psychoactifs, très peu répandus en dehors de l'ecstasy (1,6 % des 17-18 ans concernés), un accroissement de certaines expérimentations est signalé. Il s'agit des poppers* (de 2,4 à 3,3 % des jeunes de l'enquête), de l'ecstasy (de 2,1 à 3,2 %), des amphétamines (de 1 à 1,8 %) et de la cocaïne (de 1 à 1,6 %). Enfin, la kétamine, la buprénorphine (Subutex) et le GHB (gamma-hydroxybutyrate) ont été essayés par, respectivement, 0,3, 0,6 et 0,3 % des 17-18 ans.
* Le décret du 26 mars 1990 interdit à la vente et à la distribution gratuite les produits dits « poppers » contenant des nitrites de butyle ou de pentyle.
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