« Moi, Dora Maar », par Nicole Avril Un amour fou

Publié le 25/02/2002

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Dora Maar, pour les amateurs de peinture, c'est une silhouette qui apparaît à plu-
sieurs reprises dans l'uvre de Picasso ; c'est « La femme qui pleure », que le peintre a immortalisée en 1937. Dora Maar, c'est une photographe qui a voulu à son tour immortaliser le travail du maître, en témoignant notamment par des clichés des différentes étapes de la création de « Guernica », la même année. Dora Maar, c'est surtout une femme qui aima un homme à la folie, une femme belle, intelligente et peintre elle-même mais qui n'était « rien » face au génie.
Nicole Avril, qui aime les figures de femmes hors du commun - elle a déjà écrit une biographie de Sissi, « l'Impératrice » - s'est mise dans la peau de Dora Maar pour raconter, à la première personne, cette histoire de passion et de violence. Une histoire en rouge et noir, comme la jeune femme était apparue pour la première fois à l'artiste, jouant à planter de plus en plus vite un couteau entre ses doigts écartés.
Les histoires d'amour ne se partagent pas et Nicole Avril, par la voix de Dora, ne cherche pas à nous attirer dans un camp ou dans l'autre. Mais alors que Picasso - puisqu'elle ne l'appela que par son nom, alors que dans le livre elle hésite entre le « petit grand homme » et le « grand petit homme » - semble à l'aise sur le piédestal que lui dresse encore et toujours sa compagne, elle, nous touche par sa sincérité, moins de ses affirmations d'ailleurs que de ses doutes, ses questions. « Si l'amour existe, nous nous sommes aimés », avance-t-elle au début du roman ; « notre amour a existé, il était impossible », affirme-t-elle en conclusion. Entre-temps, c'est un parcours de plaisir et de malheur que débroussaille Nicole Avril, dans ce roman très touchant.
Martine FRENEUIL
Editions Plon, 225 p. 18,50 euros

FRENEUIL Martine