Chaque jour, dans le monde, 7 000 femmes sont contaminées par le VIH et la proportion de femmes touchées a doublé ces dernières années ; en France, les femmes représentent désormais 1 cas sur 3 d'infection par le VIH.
Cette progression du SIDA chez les femmes est liée à la prépondérance depuis 1997 de la contamination hétérosexuelle (et, en France, la progression chez les femmes africaines, 27 % des cas de SIDA diagnostiqués en 1999-2000), mais aussi la plus grande vulnérabilité féminine face au virus. Le comité de pilotage des actions d'AIDES avec les femmes résume les facteurs biologiques et physiologiques en cause : une plus large surface des muqueuses et la fragilité au niveau du col qui facilitent la pénétration du VIH (fragilité souvent aggravée par des MST souvent non soignées) ; une concentration de VIH plus élevée dans le sperme que dans les sécrétions vaginales. AIDES ajoute que l'environnement culturel, juridique et le contexte socio-économique dans lesquels évoluent les femmes vulnérables au VIH sont autant de facteurs aggravants.
Face à cette situation, le préservatif féminin représente l'une des meilleures protections face au SIDA et autres MST et en matière de contraception. Mais, comme le souligne SIDA Info Service (SIS), il « reste peu accessible aussi bien par son prix élevé que par sa diffusion commerciale très faible ».
Le manifeste des 343
Aussi le service d'information lance-t-il un manifeste demandant « que soient menées des campagnes de promotion du préservatif féminin à des tarifs accessibles pour toutes et tous ». Ce texte est « Un appel de 343 femmes », sur le modèle du manifeste des 343 femmes déclarant avoir avorté publié dans « le Nouvel Observateur » le 5 avril 1971. « Nous réclamons l'accès à notre propre protection et exigeons l'intérêt des pouvoirs publics, des laboratoires, de la recherche médicale, des associations à se préoccuper enfin de cette question aussi », disent les signataires, que SIS espère bien plus nombreuses que 343*. Le manifeste sur l'IVG se concluait par : « Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir avorté. » ; celui d'aujourd'hui par : « Je déclare que je suis l'une de ces femmes à revendiquer le droit et la possibilité de me protéger. »
Et SIDA Info Service de souligner que le préservatif féminin est très solide, doux au toucher, ne provoque pas d'allergies, ne serre pas le sexe masculin, peut être mis en place bien avant le rapport, permet l'intimité sexuelle prolongée après éjaculation et est vendu sans prescription.
Des distributeurs dans le métro
De son côté, AIDES a choisi « de rendre visible ce nouvel outil de prévention et de le mettre à disposition du public », à savoir d'installer les premiers distributeurs dans un espace public : le métro parisien, une opération en partenariat avec Pharmex (la société qui commercialise les distributeurs de préservatifs dans le métro). C'est ainsi que Roselyne Bachelot, Joëlle Brunerie-Kauffmann, Gilles Brucker, Alain Lhostis, entre autres, devraient inaugurer ce matin un distributeur dans la station Bonne-Nouvelle. Les autres sont installés dans les stations Montparnasse, Cité universitaire, Lamarck-Caulaincourt et Gare de Lyon.
Au-delà, l'association de lutte contre le SIDA lance aujourd'hui toute une campagne de sensibilisation « femmes et VIH/SIDA ». Elle comprendra notamment des spots TV et radio et des visuels dans la presse écrite ainsi qu'un dossier réalisé avec « l'Abécédaire parlementaire » pour les députés et les maires de ville de plus de 10 000 habitants.
* Signatures auprès de SIDA Info Service, 109, bd de Charonne, 75020 Paris, fax 01.44.93.16.00.
Fémidom et Présinette
Deux préservatifs féminins sont actuellement disponibles en France : Fémidom (Terpan) en polyuréthane et Présinette (Khondomz) en latex. Le prix public conseillé, à l'unité, est de 1,5 euro pour le premier et 2,3 euros pour le second, présenté comme plus facile à mettre en place. Ils peuvent être difficiles à trouver car toutes les pharmacies ne les commercialisent pas. En revanche, certaines les vendent à prix coûtant dans le cadre de leurs actions de prévention.
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