A L'INSTAR de la maladie d'Alzheimer, de la douleur et de l'asthme, la Bpco va bénéficier d'un programme national élaboré avec la direction générale de la Santé. Ce programme de santé publique est en cours de finalisation et devrait être publié très prochainement. « Ses grandes lignes sont établies, note le Pr Godard. Le premier objectif est de diminuer la fréquence de la Bpco dans la population générale. » Pour y parvenir, il est nécessaire d'intensifier la lutte contre les facteurs de risque - base de la prévention primaire -, parmi lesquels le tabac, surtout, mais aussi l'exposition professionnelle en cause dans environ 20 % des Bpco. Dans les maladies cardio-vasculaires, la prévention primaire donne de meilleurs résultats que la prévention secondaire, comme le confirme une étude de modélisation récemment publiée par des épidémiologistes britanniques (1). Pour le Pr Godard, « il n'y a aucune raison pour que ce ne soit pas la même chose pour les maladies respiratoires ». Dans la Bpco, la prévention secondaire est, essentiellement, la réhabilitation respiratoire, dont l'intérêt a été réaffirmé lors d'une récente Conférence d'experts organisée par la Société de pneumologie de langue française (Splf).
Le deuxième objectif du programme Bpco est d'arriver à diminuer de 20 % la mortalité et le nombre d'hospitalisations pour exacerbations au cours des dix prochaines années. Le dépistage précoce joue ici un rôle essentiel. Les résultats de l'opération « Mesure du souffle pour tous » menée à Bourges en mars dernier confortent la faisabilité d'une campagne de dépistage des maladies obstructives respiratoires. Six axes stratégiques vont être développés, incluant un chapitre important sur la recherche. Au point de vue thérapeutique, une voie de recherche actuelle concerne l'utilisation de cellules souches. Une voie ouverte par les travaux de l'équipe d'Edith Puchelle (Inserm U514, Reims) qui ont montré sur des modèles in vivo que les cellules épithéliales foetales et adultes greffées dans des souris xénotolérantes permettent la maturation et la régénération d'un épithélium respiratoire fonctionnel (2). Le programme Bpco insiste aussi sur l'importance de la formation et de l'information des médecins.
Un défi pour la communauté pneumologique.
Autre action dans le domaine de la Bpco, l'étude Exaco. Cette étude prospective observationnelle, mise en place sous la houlette du Pr Bruno Housset, président de la Splf, vient de démarrer et sera réalisée sur une cohorte de 1 500 patients des deux sexes âgés de plus de 40 ans, sous la responsabilité du Dr Isabelle Tillie-Leblond (service du Pr André Tonnel, Lille). Elle vise, principalement, à mieux connaître les caractéristiques des patients présentant des exacerbations fréquentes (à partir de trois exacerbations par an) et, en particulier, à déterminer leur profil clinique. D'après les données de la littérature, ce sous-groupe de malades constitue la cible préférentielle des traitements médicamenteux. Le recrutement est fait par les pneumologues libéraux et hospitaliers, avec une inclusion selon les critères de la Splf.
« C'est une étude importante à plusieurs niveaux, explique le Pr Godard. Politique, car elle implique toutes les forces en présence, à savoir l'association Bpco pour les pneumologues libéraux, la Splf et l'industrie. Scientifique parce que la mise en place de cohortes est nécessaire pour la connaissance et le suivi des patients. Stratégique, car l'ensemble de la communauté, pneumologique française va être intéressé par ce suivi. » Les patients seront suivis pendant cinq ans et les résultats définitifs de l'étude pourraient être disponibles vers 2010. Dans l'intervalle, des données intéressantes devraient sortir des analyses intermédiaires.
Enfin, la Journée mondiale Bpco, créée par la Global Initiative for Chronic Obstructive Lung Disease (Gold) et organisée pour la quatrième année consécutive, se tiendra le 16 novembre. Cette journée est organisée en France par le Comité national de lutte contre les maladies respiratoires (Cnmr, présidé par le Pr Gérard Huchon). L'ensemble des comités départementaux réalise d'intenses campagnes de communication, de sensibilisation et de dépistage. Ces actions sont menées tout au long de l'année et la journée mondiale est l'occasion d'actualiser les messages.
* Hôpital Arnaud-de-Villeneuve, CHU, Montpellier.
(1) Unal B, Critchley JA, Capewell S. Modelling the decline in coronary heart disease deaths in England and Wales, 1981-2000 : comparing contributions from primary prevention and secondary prevention. BMJ. 2005 ; 331 : 614.
(2) Delplanque A, Coraux C, Tirouvanziam R, Khazaal I, Puchelle E, Ambros P, Gaillard D, Peault B. Epithelial stem cell-mediated development of the human respiratory mucosa in SCID mice. J Cell Sci. 2000;113 ( Pt 5):767-778.
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