Cette fois, la coupe est pleine. Au point que le conseil de l'Ordre des médecins du Rhône prend la tête d'un mouvement de contestation visant les nouveaux textes sur la permanence des soins.
Après la suppression en juin dernier du financement de la régulation organisée par les maisons médicales de garde (MMG) de Lyon, puis l'arrêt du tarif majoré de la garde du samedi après-midi (« le Quotidien » du 20 septembre), l'application au pied de la lettre de ces dispositions porte le coup de grâce aux MMG. Dans un courrier adressé à l'Association de promotion des maisons médicales de garde libérale de Lyon, daté du 22 septembre, l'Union régionale des caisses d'assurance-maladie (Urcam) de Rhône-Alpes rappelle aux généralistes qu'ils doivent impérativement se conformer aux dispositions réglementaires et conventionnelles sur l'organisation et le financement de la permanence des soins (PDS).
L'Ordre : risque de désorganisation totale.
Ces textes stipulent que le samedi après-midi est exclu de la PDS et que l'accès au médecin de permanence doit faire l'objet d'une régulation préalable, organisée par le Samu. « Le respect de ces textes sera une condition sine qua non de l'attribution du budget 2006 (...) », précise l'Urcam. Autrement dit, les vivres seront coupées si les MMG ouvrent leurs portes le samedi. Un effort, qui allait plutôt dans le sens contraire, venait pourtant d'être fourni par les caisses d'assurance-maladie de Lyon et de Villefranche-sur-Saône : après le coup de colère des généralistes du département, elles avaient décidé de rémunérer à nouveau la garde du samedi après-midi, avec la majoration de dimanche férié. L'exigence de l'Urcam est donc vécue comme une volonté d'hypothéquer l'avenir des MMG. Pour le Dr Patrick Romestaing, président du conseil de l'Ordre du Rhône, ces décisions successives risquent de conduire à « la désorganisation totale de la PDS ». Sans compter que les médecins généralistes se trouvent désormais face à une injonction paradoxale, puisqu'un arrêté préfectoral du 13 juillet dernier, définissant l'organisation de la permanence des soins, leur demande d'assurer la garde le samedi après-midi.
Xavier Bertrand interpellé.
La Ville de Lyon, partenaire des MMG, est également entrée dans la bataille contre les nouveaux textes de l'assurance-maladie. Des lettres d'information, signées par le sénateur-maire Gérard Collomb, ont été adressées aux élus de la ville et aux parlementaires du Rhône.
Une autre missive a été envoyée au ministre de la Santé, ponctuée d' « une demande urgente de rendez-vous », souligne l'adjointe au maire, Sylvie Guillaume. Dans ces lettres, la ville met l'accent sur les bons résultats affichés par les MMG lyonnaises, à l'issue de la deuxième évaluation conduite par le centre Rhône-Alpes d'épidémiologie et de prévention sanitaire (Careps). Elles mentionnent que le rôle des MMG dans la diminution du recours aux urgences hospitalières est « bien réel » et que la qualité du service rendu reste « remarquable ».
Toujours sur la base du rapport du Careps, elles rappellent qu'en l'absence des MMG 40 % des patients se rendraient dans un service d'urgences et 37 % feraient appel à un médecin de garde à domicile. Les retombées financières ne sont donc pas négligeables.
En revanche, ces lettres n'évoquent pas une recommandation importante du Careps : la nécessité de « maintenir un double niveau de vigilance quant à la démobilisation de quelques médecins pour la garde, qui semble s'amorcer ».
Il n'en reste pas moins que les MMG sont jugées par l'ensemble des professionnels de santé et par les patients comme des dispositifs complémentaires de la PDS. « Nous sommes tellement convaincus que nous soutenons deux nouveaux dossiers de création de MMG dans l'Est et l'Ouest lyonnais », explique le Dr Romestaing. Et de conclure : « De toute manière, les médecins ne reviendront pas au système antérieur. »
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