Congrès-Hebdo
Du fait des caractéristiques de leur population, notamment l'importance de la tranche de population de plus de 60 ans, l'incidence annuelle des accidents vasculaires cérébraux (AVC) des départements du Sud-Est (Alpes-Maritimes et Var) est de 283 pour cent mille habitants. Cette incidence, bien supérieure à la moyenne nationale (230 pour cent mille), a particulièrement sensibilisé les responsables médicaux à la problématique de la prise en charge des pathologies vasculaires cérébrales et ce d'autant que des insuffisances avaient déjà été mises en lumière, notamment par deux thèses réalisées en 1991 et 1999, à partir de registres hospitaliers prospectifs qui avaient montré que seulement la moitié des malades était admise dans le service de neurologie qui était alors sans unité neuro-vasculaire dédiée. D'où la volonté de la direction du CHU de Nice de réaliser un audit de la filière AVC, autrement dit, du circuit du patient et de son incidence sur la prise en charge, la qualité des prescriptions et du suivi, l'évolution, ainsi que sur le poids économique. Ce travail à la méthodologie très rigoureuse a ainsi permis de réaliser une analyse de l'état actuel, mais également d'évaluer les besoins ultérieurs jusqu'en 2010. La mise en parallèle de l'hétérogénéité de la prise en charge avec l'évolution des techniques offrant aujourd'hui des possibilités diagnostiques considérablement augmentées, qu'il s'agisse de l'IRM, surtout, mais aussi de l'écho-Doppler, et, plus récemment, de la thrombolyse, autorisée en France depuis deux mois, a naturellement conduit au concept d'unité neuro-vasculaire. Bien avant la nomination d'un coordonnateur du programme national de développement de ces unités neuro-vasculaires, en l'occurrence, le Pr Hommel (Grenoble), la volonté de réunir les acteurs de ces unités spécialisées, à savoir les praticiens et les décideurs, dans le cadre d'un congrès dédié aux unités neuro-vasculaires, était déjà présente.
Changer les mentalités
Il est en effet rapidement apparu que la problématique essentielle reposait avant tout sur une modification des mentalités et des organisations existantes qu'il fallait analyser avant d'évaluer et de planifier le renforcement des moyens absolument nécessaires, qu'ils soient humains ou financiers. Ainsi, l'optimisation de la prise en charge en aigu des accidents vasculaires cérébraux nécessite à l'évidence une redynamisation des structures en place et une réorganisation des relations entre les différents intervenants. Dans ce schéma, les CHU sont évidemment impliqués, mais les hôpitaux généraux constituent certainement le centre de la filière thérapeutique. Selon le Pr Chatel, tout centre hospitalier doté d'un scanner devrait pouvoir abriter une unité neuro-vasculaire d'immédiate proximité et recourir, le cas échéant, à la télémédecine avec une UNV référante, suivant en cela un modèle déjà parfaitement opérationnel en matière de traumatismes crâniens. L'accès à l'hôpital est cependant souvent dépendant de la réactivité et des compétences diagnostiques des médecins libéraux devant des symptômes parfois mineurs et transitoires, volontiers négligés par les malades eux-mêmes. Cette tendance à la banalisation, qui est fréquente, pourrait certainement être contrée par un accroissement des formations proposées à tous les acteurs impliqués, y compris les patients. Car la rapidité de la prise en charge apparaît cruciale pour l'amélioration du pronostic, celle-ci dépendant davantage de la réactivité des intervenants que de la proximité géographique du patient. Il ne faut pas non plus oublier les filières d'aval, services de soins de suite ou de rééducation, qui sont les acteurs de la réinsertion familiale, sociale, éventuellement professionnelle, du patient et qui, en relayant ces unités neuro-vasculaires, assurent la fluidité de l'accueil potentiel de nouveaux patients, entraînent un raccourcissement du temps hospitalier et, donc, une diminution considérable des coûts.
Quoique le concept d'unité neuro-vasculaire n'ait pas pu déboucher sur une réorganisation effective des soins sans la possibilité nouvelle de moyens diagnostiques et de traitements efficaces, il a été constaté que le seul fait d'accéder à une unité neuro-vasculaire rassemblant un personnel formé à la prise en charge de cette pathologie diminue la morbidité et la mortalité, accélère la récupération et réduit la durée du séjour hospitalier. Cette amélioration de la qualité des soins permise par ces structures spécifiques est peut-être à mettre sur le compte de la nécessité d'un travail en réseau, entraînant un véritable phénomène d'osmose de la qualité.
D'après un entretien avec le Pr Marcel Chatel (service de neurologie, CHU de Nice).
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