Alors quE, auparavant, en cas de fièvre, l'objectif était de prévenir les convulsions fébriles et l'hyperthermie maligne, désormais, il convient de privilégier le confort de l'enfant. En effet, les convulsions sont le plus souvent inaugurales et l'hyperthermie maligne ne se voit plus. Aujourd'hui, deux moyens physiques sont recommandés, découvrir l'enfant et lui donner à boire. Faire prendre un bain à l'enfant, de deux degrés inférieurs à sa température, n'est plus préconisé. A ces moyens physiques, on associe un traitement médicamenteux. L'aspirine n'est plus guère employée : son conditionnement ne facilite pas son utilisation ; ses effets secondaires - syndrome de Reye - sont rares. Les enquêtes les plus récentes ont montré qu'elle est prescrite dans 10 % des cas seulement. Le paracétamol a l'avantage d'être facile d'emploi grâce à son mode de présentation unitaire (60 mg/kg) en pipettes. Les doses toxiques sont de 100 à 150 mg/kg. Quant à l'ibuprofène, il se caractérise par sa rapidité d'action, la profondeur et la durée de la chute thermique. A ces paramètres vient s'ajouter la rapidité qu'ont les nourrissons de récupérer leur capacité de jouer. Il est contre-indiqué en cas de varicelle et déconseillé en cas de troubles digestifs (diarrhée, nausées, vomissements). D'où les conseils de préférer en première intention le paracétamol durant les 24 premières heures, quel que soit le niveau thermique de l'enfant. Cependant, si la fièvre ne diminue pas au-delà de 3 à 6 heures, les parents peuvent lui administrer une dose d'ibuprofène avant la prise suivante de paracétamol.
L'intérêt de l'ibuprofène.
Parmi les antalgiques de palier 1, l'ibuprofène est un excellent traitement non seulement des douleurs inflammatoires (otite, angine, fracture, brûlure, etc.), mais aussi des céphalées, qu'il s'agisse de céphalées de tension musculaire ou de migraines. La posologie est de 30 mg/kg/jour en 4 à 6 prises. L'ibuprofène rectal, qui sera prochainement commercialisé, est à réserver aux enfants qui n'ont pas accès à la voie orale, l'absorption étant plus variable quand on utilise la voie rectale. L'AMM est en cours.
Le paracétamol est un excellent produit qui joue un rôle d'épargne morphinique. La dose est de 60 mg/kg/j, voire parfois jusqu'à 80 mg/kg/j. La dose par voie rectale est de 90 mg/kg/j, toujours en raison de l'absorption moyenne par cette voie d'administration. Il peut être éventuellement associé à un anti-inflammatoire, si la douleur est secondaire à une cause inflammatoire.
La codéine, antalgique de palier 2, est peu utilisée par les médecins de ville. Or elle devrait l'être plus souvent pour des douleurs modérées à sévères, comme dans la gingivostomatite herpétique, ou lorsqu'un enfant sort de l'hôpital avec une fracture déplacée. Elle est prescrite à la dose de 0,5 à 1 mg/kg/j, de 4 à 6 fois/jour (dose maximale 6 mg/kg/j). Elle existe en différentes présentations : Codenfan en sirop dont l'AMM concerne les enfants de plus de 1 an, Efferalgan codéine en comprimés effervescents qui a une AMM pour les plus de 3 ans et Codoliprane en comprimés sécables, dont l'AMM concerne les plus de 6 ans et de plus de 15 kg.
Tramadol en gouttes vient d'être commercialisé pour des douleurs modérées à sévères. La dose est de 3 à 5 mg/kg/j (8 mg/kg/jour à ne pas dépasser). La prudence est de mise chez l'enfant qui a déjà présenté des convulsions.
Quant à Morphine Aguettant, c'est le seul antalgique de palier 3 en sirop qui est remboursé en ville. Il vient d'obtenir l'AMM. Il est dosé à 2,5 mg/ml. Cette présentation a des inconvénients pour les jeunes enfants et il est nécessaire d'avoir une pipette de 1 ml pour bien doser le produit. L'AMM pour la morphine orale concerne les enfants de plus de 6 mois. Des travaux sont en cours pour que les nourrissons puissent en bénéficier dès l'âge de 1 mois.
L'enfant a un imaginaire très important et peut, par des techniques non médicamenteuses fondées sur la distraction, l'imagerie visuelle, l'hypnose, mieux vivre différentes douleurs, d'où l'importance d'associer ces techniques au traitement médicamenteux.
La douleur musculaire est mal connue chez l'enfant, mais elle peut expliquer des lombalgies, des sciatalgies, des cervicalgies. Et, dans ces cas-là, il faut non seulement calmer la douleur, mais aussi apprendre à l'enfant à se détendre et à réactiver son corps.
D'après un entretien avec le Pr Antoine Bourillon, chef du service de pédiatrie générale et le Dr Chantal Wood, unité de traitement de la douleur, hôpital Robert-Debré, Paris.
« Mieux vivre avec une douleur », un livre et un CD destinés aux parents
Les Laboratoires Théraplix diffusent un livre sur la douleur de l'enfant et sa prise en charge. Il doit permettre aux parents d'évaluer la douleur de leur enfant et savoir comment y réagir. Il est accompagné d'un CD sur les techniques non médicamenteuses de relaxation et d'hypno-analgésie. Trois familles de techniques sont ainsi proposées et adaptées à l'âge de l'enfant : des techniques physiques (caresse, massage, bercement), de distraction (souffler les bulles de savon, raconter une histoire) et d'imagerie visuelle (entendre une musique).
Les médecins généralistes peuvent se les procurer auprès du laboratoire et les proposer aux familles.
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