Il voulait devenir biologiste marin à Split, sa ville natale (en 1944). Il est aujourd'hui chercheur à Paris, au laboratoire de génétique moléculaire évolutive et médicale de l'INSERM et membre depuis 2002 de l'Académie des sciences. Et à de nombreuses récompenses, Miroslav Radman a ajouté hier le grand prix INSERM 2003 de la recherche médicale, décerné pour la quatrième fois.
Entré à l'université de Zagreb en 1962, année du prix Nobel de médecine à Watson, Crick et Wilkins, Radman va se passionner pour l'ADN et devenir spécialiste de ses mécanismes moléculaires et de son rôle dans l'apparition des cancers et dans l'évolution des espèces.
Il a 27 ans à peine quand il découvre le système SOS, mécanisme qui permet aux bactéries de survivre aux lésions de l'ADN. Il montre que les mutations relèvent d'un processus cellulaire génétiquement contrôlé et travaille à décrire les mécanismes d'induction de la décision cellulaire SOS ainsi que les enzymes génératrices de mutations, les SOS polymérases.
En 1976, après son postdoctorat à Harvard, il met en évidence un deuxième système majeur de réparation, le mismatch repair, découverte qui lui vaudra en 1992 le grand prix de l'Académie des sciences.
En 1989, à l'institut Jacques-Monod (CNRS, université Paris-VII) où il est entré en 1983, il démontre que le mismatch repair est également un système ubiquitaire éditeur de l'ADN (il assure non seulement la fidélité de la réplication mais aussi celle de la recombinaison génétique, en empêchant la recombinaison entre chromosomes ou séquences chromosomiques similaires) ; est alors découvert l'ensemble du mécanisme de la barrière génétique entre espèces proches chez les bactéries.
Dans les années 1990, avec deux jeunes chercheurs, Ivan Matic et François Taddei (le trio TaMaRa), il entame une vaste étude multidisciplinaire sur le rôle des mutateurs génétiques et physiologiques dans l'évolution des bactéries qui va mener à d'importantes découvertes sur l'évolution de la virulence et de la résistance aux antibiotiques.
Le lauréat est ainsi, dit l'INSERM, « un chercheur audacieux et précoce » qui « transgresse les dogmes scientifiques pour créer sa propre voie », « l'archétype du chercheur en mouvement avec son époque, à la fois pragmatique et conceptuel ».
« Trop latin pour avoir jamais eu envie de s'installer outre-Atlantique », mais soucieux des retombées de ses travaux, Radman est à l'origine de la création de deux sociétés de biotechnologie, Mixis et Gene Check Inc, qui développent l'une de nouveaux produits de synthèse et l'autre de nouvelles méthodes d'analyse de l'ADN, notamment celles utilisées en criminalistique.
Enfin, Miroslav Radman a imaginé la villa Medicis de la recherche biomédicale en Europe, à savoir le Mediterranean Institute for Life Sciences (MILS), « destiné à devenir rapidement un creuset d'excellence entièrement dédié au brassage d'idées ».
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