Est-ce l’effet « Faugère », qui a joué sur les comptes de l’AP-HP ? En tous les cas, le premier CHU de France affiche des résultats en 2010 bien meilleurs que ceux attendus : -102 millions d’euros sur le compte principal, alors qu’il était attendu un déficit de 115 millions d’euros. Le compte global affiche quant à lui un déficit de 84 millions d’euros. Pour autant, l’ancienne directrice de la SNCF n’a pas encore remis sur les rails l’AP-HP, en proie à une crise financière, sociale et culturelle. Au chapitre comptable, Mireille Faugère, lors d’une rencontre le 28 avril dernier organisée par Décision Santé, a rappelé que « les règles du jeu » avaient changé entre 2007 et 2011 : « Du fait de la convergence intrasectorielle, nous avons perdu 200 millions d’euros », a-t-elle rappelé. Et de rappeler également que la campagne budgétaire 2011 est défavorable à l’AP-HP, qui devrait enregistrer une chute de 75 millions d’euros de ses financements. Culturellement, l’AP-HP vit une véritable révolution. L’instauration de la loi HPST a été vécue comme un drame par le corps médical : « HPST a eu un très mauvais effet sur la gouvernance. ». Et les changements se poursuivent : le regroupement de l’AP-HP en groupes hospitaliers a accéléré le redécoupage en pôle, dont le nombre passe de 70 à 120. Qui plus est, l’AP-HP doit désormais compter sur un nouvel acteur de poids : l’agence régionale de santé (ARS). Laquelle a déjà émis son avis sur le plan stratégique du CHU francilien, lequel court jusqu’en 2014. « Notre compétence doit sortir des murs de l’hôpital, pense l’ARS », récite Mireille Faugère. Conséquence : de nouveaux partenariats sont à l’étude, entre l’AP-HP et des établissements franciliens : entre le Cash de Nanterre et l’hôpital Louis-Mourier, ainsi qu’entre le CHU de Créteil et l’hôpital Henri-Mondor. Dans la même optique, l’AP-HP devrait également développer l’HAD. Toujours au niveau organisationnel, l’AP-HP va entamer des mouvements de grande ampleur. Il en va ainsi de l’Hôtel Dieu. « Durant les trois prochaines années, les spécialités lourdes de l’Hôtel-Dieu devraient migrer à Cochin, tandis que l’Hôtel-Dieu devrait être transformé en hôpital universitaire de santé publique. Il devrait également accueillir le siège de l’AP-HP. » Ce déménagement du siège irait de pair avec « un allègement » des personnels administratifs et logistiques. A n’en pas douter, des mouvements sociaux sont donc à prévoir en 2011. D’autant plus que cette année sera celle d’élections professionnelles. Si certains projets semblent avancer à la vitesse d’un TGV, d’autres semblent faire du surplace. Il en est ainsi de la suppression du service de chirurgie cardiaque de l’hôpital Henri-Mondor : « Nous attendons une étude de la HAS sur la cardiologie interventionnelle », avance Mireille Faugère, comme pour se dédouaner. Quant à la fermeture du service de pédiatrie spécialisée de Trousseau, elle botte là aussi en touche : « Nous devons composer à la fois avec l’équipe médicale du service, mais aussi avec les doyens, ce qui complique les choses. » Et réagit vivement lorsqu’on pointe du doigt l’échec de l’expérimentation des chambres individuelles : « Ce n’est pas du marketing ! Nous sommes le seul CHU à ne pas pratiquer la tarification des chambres individuelles ! Nous ne faisons là qu’appliquer une recommandation d’Hôpital 2012 ! » Vaille que vaille…
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