ZENON
Alerte ! Non seulement nous avons 8 633 candidats aux 577 postes de députés pour les prochaines législatives, mais le président Bush en personne est venu nous avertir, la semaine dernière : nous sommes tous menacés par Al Qaida. Non seulement ces gros voyous invisibles se rient des impacts des « flash-balls » (on aurait pu trouver un nom français pour cette invention française !), mais même l'équipe des Bleus est sous la menace, au Japon, avant le début des rencontres footballistiques pour le Mondial !
Inutile de dire que nous n'en menons pas large dans nos HLM où même les ascenseurs ouvrent sur le vide. C'est bien de repeindre les cages d'escaliers, comme l'avait souhaité naguère Michel Rocard, mais vérifier les ascenseurs semble être la priorité. On se regarde bizarrement entre voisins : La menace étant tentaculaire, chacun est soupçonné d'être un tentacule de la Bête sans nom...
Il faut d'abord se méfier de tout ce qui dépasse. Eviter de travailler ou d'habiter ces tours arrogantes, dont certains appartements pourraient avoir été truffés d'explosifs par des malfaisants. La Tour Eiffel est à risque, autant que les buildings de Manhattan ou les tours d'Osaka. Les poteaux des buts du Mondial peuvent avoir été piégés, et qui sait ce qu'il y a dans le ballon ?
Lorsqu'on sort de chez soi, on n'ose même plus lever la tête, c'est inutile, puisque ça viendra d'en haut. Mais peut-être aussi au ras du sol, puisque le métier ultime de kamikaze semble avoir beaucoup d'adeptes. On ne fait même plus de projets de vacances. Les Etats-Unis ont arrêté à temps un projet des pilotes d'avions qui voulaient pouvoir être armés, avec le risque de trous dans la carlingue et le cockpit !
Nous n'osons conseiller le voyage à dos d'âne ou de cheval, ces sympathiques équidés pouvant avoir été piégés par un picotin explosif, à l'insu de leur plein gré. Peut-on encore penser à des lendemains ? Difficilement : l'avenir peut vous exploser entre les doigts, bêtement. Vivre au jour le jour est encore plus angoissant : on finit par avoir honte d'être en vie le lendemain. Les stocks d'anxiolytiques sont épuisés, et le moral des troupes tout autant. Serons-nous encore de ce monde pour bénéficier de la consultation à 20 euros et de la baisse de 5 % de notre tranche imposable, alors que nous avons tous des tronches d'implosables ? Faut-il même épargner, alors que la sagesse de l'horreur imminente nous conseille de tout dépenser avant en riant aux éclats ? Aux éclats de quoi, d'ailleurs ?
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