Livres
B ON sang ne saurait mentir, Joséphine Dedet, la fille de l'écrivain-médecin Christian Dedet, nous fait découvrir avec originalité le destin de « Roxane l'éblouissante », qui fut le dernier et grand amour d'Alexandre le Grand. Roxane la Perse aurait dû être son esclave, mais son extrême beauté subjugua Alexandre qui en fit, à dix-sept ans, la reine d'un empire.
Femme amoureuse, femme jalouse - elle devra notamment ravir la première place à Héphestion, l'amant d'Alexandre -, femme confrontée à un monde de guerriers, elle suivra le Conquérant dans ses campagnes et accompagnera les dernières années de son règne.
En donnant la parole à Roxane, qui est la narratrice de ces faits de guerre et complots de cour, Joséphine Dedet en restitue le caractère de tragédie grandiose mais sans effets ni larmes superflus.
Nil Editions, 284 p., 129 F (19,67 euros).
Surnommée la « grand-mère » de l'héroïc-fantasy, Marion Zimmer Bradley est l'auteur d'une soixantaine d'ouvrages qui ont fait sa renommée ; son plus grand succès en France est le cycle d'Avalon, entamé par « les Dames du lac » et dont « la Prêtresse d'Avalon » est le quatrième et dernier tome puisque l'auteur est décédée.
Eilan, fille d'une grande prêtresse d'Avalon et d'un prince de Grande-Bretagne, initiée aux mystères de la déesse, est au cœur de cet épisode de la saga épique et fantastique fondée sur les mythes celtes et qui met en scène les soubresauts de l'Empire romain, à la fin du IIIe siècle après J.-C. et la montée du christianisme. C'est aussi l'histoire passionnée d'une femme déchirée entre son amour et la politique, qui passera dans l'histoire sous le nom de sainte Hélène.
Jean-Paul Bertrand Editeur, 415 p., 138 F (21,04 euros).
« La Croix et le royaume » est le premier de deux volumes que Michel Peyramaure - qui depuis plus de quarante ans s'est donné pour tâche de raconter le « roman de la France » des origines à l'époque contemporaine - va consacrer au cycle du Roman des Croisades.
Il met surtout en relief comment les chevaliers limousins qui avaient répondu à l'appel du pape Urbain II, en 1095, se sont occupés à se tailler des fiefs en Syrie plutôt que de leur mission - hormis Godefroy de Bouillon et Raimond de Toulouse qui emporteront Jérusalem en 1099. Et comment presque un siècle va passer en menues guerres internes, en conflits dynastiques et religieux, en misérables intrigues de cour, jusqu'à ce que le sultan d'Egypte Saladin défasse l'armée chrétienne et s'ouvre les portes de Jérusalem en une seule bataille, en 1187.
Editions Robert Laffont, 396 p., 139 F (21,19 euros).
« La Graine écarlate » est encore une suite - le tome III après « la Pierre de vie » et « le Rameau vert » - et la fin d'une fresque flamboyante qui se situe dans la première moitié du XIIIe siècle, signée Edith Pargeter, plus connue sous le nom d'Ellis Peters.
Le jeune héros, qui a été fait prisonnier par celui qui a tué son père, découvre malgré lui en celui-ci un père de substitution et un guide, en même temps que l'amour d'une paysanne qui l'a aidé. Délaissant le métier des armes, il va choisir celui de tailleur de pierre, pour devenir l'un de ces hommes de génie que l'on appellera les bâtisseurs de cathédrales.
Editions Presses de la Cité, 331 p., 125 F (19,06 euros).
Avec Catherine David, journaliste au « Nouvel Observateur », nous abordons, avec rigueur, une page terrifiante de l'Histoire. « L'homme qui savait tout » a pour cadre une cellule du couvent de San Marco, en novembre 1494, alors que le roi de France s'apprête à conquérir Florence. Ici, la philosophie a rendez-vous avec le fanatisme : Pic de la Mirandole attend Savonarole pour le mettre en garde contre les excès de sa foi ; ce fou de Dieu annonce un grand bûcher des vanités où seront sacrifiés les livres scélérats.
C'est surtout à brosser le portrait du philosophe italien Pic de la Mirandole, celui qui fut surnommé « prince des érudits », que s'attache l'auteur, retraçant ses hauts faits jusqu'à cette année fatidique où, à trente et un ans, il confronte son génie à l'intransigeance du prédicateur.
Editions du Seuil, 474 p., 135 F (20,58 euros).
Plus roman d'aventures que le précédent, « 'Œil de Carafa », qui se situe dans la première moitié du XVIe siècle, s'inscrit pourtant dans sa lignée. Le roman a pour thème l'opposition entre la secte allemande des anabaptistes formée autour de Thomas Müntzer - qui réclamaient notamment, sur le plan social, la communauté des biens - et le réformateur Martin Luther qui prit le parti des princes.
Deux personnages sont au centre de ce rassemblement d'illuminés, d'usurpateurs et d'esprits éclairés, qui se livrent un combat sans merci de l'Allemagne en Italie en passant par la Hollande et la Suisse et jusqu'à Venise, dont l'un est un capitaine aux noms multiples et l'autre porte la seule initiale Q.
Un anonymat qui se dévoile à la fin de l'ouvrage, contrairement à l'identité du signataire de l'ouvrage, Luther Blissett, qui est en fait le pseudonyme de quatre auteurs mystérieux.
Editions du Seuil, 148 F (22,56 euros).
Dans les premières années du XVIIe siècle, les temps sont toujours à la superstition, aux querelles religieuses, aux accusations de sorcellerie, et l'ombre du bourreau est omniprésente. « La Saison du bourreau » est d'ailleurs le titre du roman de Charles Le Quintrec - grand prix de la Société des gens de lettres pour l'ensemble de son œuvre consacrée presque entièrement à sa Bretagne natale. Son héros, qui a été mêlé malgré lui à un complot contre le roi, doit fuir Paris pour le Grand Ouest qu'il parcourt, de Belle-Ile à Combourg, en quête d'un idéal bien éloigné de la folie des hommes. Un roman picaresque et initiatique dans la vieille Armorique.
Editions Albin Michel, 297 p., 120 F (18,32 euros).
Ils sont deux cette fois, Jean-Paul Desprat, historien et juriste, et Pierre Lepère, poète et romancier, à s'être unis pour écrire « Au nom de la Pompadour ».
Le destin de Jeanne-Antoinette Poisson devenue marquise de Pompadour est bien connu et les auteurs n'y apportent rien si ce n'est qu'ils y mêlent un certain « Porc-épic » : entendez un homme qui, sous le masque du porc-épic, s'est mis corps et âme et dans le plus grand secret au service de la préférée qui, pendant vingt ans, a dû faire face à de multiples attaques afin de conserver sa place. Entre intrigues de cour et de cœur.
Editions Flammarion, 267 p., 119 F (18,17 euros).
D'un siècle l'autre, Bernard Lentéric renoue avec l'inspiration des « Maîtres du pain » et nous initie, dans « le Secret », à travers des héros frères de Roméo et Juliette, au monde mystérieux du compagnonnage .
Le récit commence en 1836 lorsqu'un compagnon menuisier qui méprise la corporation des boulangers, provoque en combat singulier l'un d'entre eux, le mutile et lui vole sa promise.
Des années plus tard, le malheureux a quand même trouvé l'amour et est père d'un garçon, tandis que le menuisier, s'il n'a cessé de s'enrichir, n'a eu que des filles. Il décide alors que la seconde sera un garçon et c'est déguisée en aspirant-menuisier qu'elle affrontera seule, plus tard, les pièges et les dangers sur la route du tour de France ; où elle rencontrera évidemment le fils de l'ennemi.
Editions Plon, 322 p., 118 F (17,99 euros).
C'est à une agréable variation sur le passé et le présent que nous invite Maurice Denuzière dans « Amélie ou la concordance des temps ».
Où l'on voit un éminent professeur d'histoire, spécialiste du XIXe siècle, être renversé par une voiture au rond-point des Champs-Elysées et se réveiller sur un lit de l'hôpital Beaujon... en 1851.
Connaissant l'époque dans ses moindres détails, le décalage d'un siècle et demi est pour lui moins traumatisant que pour le commun des mortels ; d'autant qu'il y rencontre la jeune Amélie, que son érudition, voire ses prédictions, séduisent. Hélas ! le temps a parfois des mouvements imprévisibles et déroutants !
Editions Fayard, 327 p., 125 F (19,08 euros).
Quatre ans après « le Paradis des tempêtes », prix Baie-des-Anges et « les Enfants perdus de l'empereur », Raoul Mille nous fait retrouver la flamboyante égérie de Masséna, Maria, vieillie mais toujours séduisante, même si la véritable héroïne du « Héros des deux mondes » est sa petite-fille Mathilde.
On est en juin 1848, l'Europe entière est secouée par un vent de liberté et le comté de Nice attend Garibaldi, le « libérateur ». Mathilde va lier son sort à l'homme à la chemise rouge même si celui-ci, la société et la politique, semblent se lier pour empêcher sa passion. Un récit romantique et intrépide à l'image de la jeune femme.
Editions Albin Michel, 477 p., 130 F (19,85 euros).
Pour écrire « la Belle Chocolatière », son premier roman, Bernadette Pécassou-Camebrac s'est inspirée de personnages et de faits réels.
Dans la tradition du genre, elle mêle une grande histoire d'amour entre l'épouse du pharmacien et chocolatier de la ville de Lourdes et un hussard ténébreux, avec l'apparition de la « Dame blanche » à une enfant, Bernadette Soubirous.
On est en 1856 et dans les bas quartiers de la ville où le choléra ajoute à la détresse des habitants qui sont dans une misère noire, les femmes - contrairement aux hommes qui se moquent de la jeune fille - vont s'entraider pour mettre en place ce qui sera le principal lieu de pèlerinage au monde.
Editions Flammarion,439 p., 130 F (19,88 euros).
Auteur habitué des sagas et des grands destins, Colette Piat traite dans « Panama », à travers la vie d'une femme libre, d'une page passionnante de l'histoire de France, celle des Ferdinand de Lesseps, Georges Clemenceau et Gustave Eiffel.
Elle nous invite plus précisément en Amérique centrale, au percement de l'isthme de Panama, alors que la main-d'œuvre des Chinois, Martiniquais et autres Jamaïcains est confrontée à des conditions de climat et d'environnement extrêmes et est décimée par la fièvre jaune et la malaria.
C'est dans ces conditions qu'Hélène de Linière, mariée par raison à un ingénieur, découvre la passion.
Editions du Rocher, 320 p., 128 F (19,51 euros).
Avec Ann Victoria Roberts, nous arrivons à l'été 1886 en compagnie tout simplement du « père » de Dracula, Bram Stoker, homme complexe et secret dont elle éclaire la personnalité par le biais de la fiction.
Le thème des « Amants de la pleine lune » est en effet la rencontre de cet homme déjà mûr, qui a fui Londres et les exigences de son mentor et ami, l'acteur Henry Irving, pour se réfugier dans le petit port de Whitby, sur la côte du Yorkshire, et d'une jeune fille de dix-huit ans, la fille d'un marin perdu en mer.
Une rencontre placée sous le signe de la passion mais aussi de l'ambiguïté, un été durant lequel elle l'initiera au riche folklore local, nourrissant sans le savoir l'imaginaire de l'écrivain, une passion qui prendra fin sous la pression des conventions de l'Angleterre victorienne. Et si Stocker, en dépit de tous ses efforts pour y échapper, était demeuré l'esclave de la moralité de son temps ?
Editions Belfond, 474 p., 135 F (20,58 euros).
C'est en tant que témoin que Gerald Messadié traite, dans « 25, rue Soliman-Pacha », de l'histoire la plus récente, celle des dernières années du roi Farouk et de la prise du pouvoir par Nasser ; né en Egypte, il a connu intimement l'univers chatoyant qu'il décrit dans le roman.
Car au début des années cinquate, au Caire, la vie est insolemment douce, une survivance du siècle passé pour les privilégiés qui seront d'autant plus pris au dépourvu lorsque deux ans plus tard la révolution fera tomber la royauté. L'élite égyptienne et les belles Anglaises devront alors s'exiler en Occident et se confronter à la réalité.
Ce passage d'un monde à l'autre est rendu à travers le destin de six personnages emportés par les flots de l'histoire. Entre réalisme et nostalgie.
Editions JC Lattès, 428 p., 132 F (20,12 euros).
Restons dans ces mêmes années cinquante, mais en Tunisie, avec la réédition, vingt-trois ans après sa parution, du roman d' Albert Memmi, « le Pharaon ».
Sociologue dont le « Portrait du colonisé » a été préfacé par Sartre et romancier dont « la Statue de sel » a été saluée par Camus, Albert Memmi met en scène un égyptologue réputé, surnommé « le Pharaon » par ses étudiants tant il est installé dans ses certitudes, qui, à l'aube de la décolonisation, entretient des rapports harmonieux avec les communautés chrétiennes, musulmanes et juives de Tunis. Conscient du tournant de l'époque, il devine l'inéluctable mouvement vers l'indépendance des pays sous tutelle française. Et lui-même, dont la vie était aménagée comme une pyramide, va bouleverser sa vie en découvrant la passion avec une jeune fille.
Editions du Félin, 358 p., 130 F (19,82 euros).
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