Pourquoi avez-vous souhaité réagir aux commentaires des experts que nous avons sollicités dans notre précédent dossier sur les CAPI ?
Je ne souhaite pas polémiquer, mais simplement apporter quelques élements de lecture et de réflexion supplémentaires. Je voudrais également rappeler que le CAPI est un dispositif qui a été longuement préparé par de nombreuses rencontres et qu’il avait été présenté aux représentants des médecins pour avoir leur avis sur le fond. D’ailleurs, certains objectifs, comme la prise en charge de l’asthme, ont été récusés par les syndicats de médecins. Ce qui m’a surpris de la part de certains de vos interlocuteurs est qu’ils remettent en cause les recommandations de la HAS. C’est bien sûr leur liberté. Néanmoins, il faut souligner que l’assurance-maladie n’est pas habilitée à émettre des référentiels, il faut donc utiliser ceux qui existent. Par ailleurs, comment pourrait-on gérer un système de soins, si on ne se réfère pas aux recommandations que la profession se donne à elle-même. D’autant que, volontairement, nous avons laissé une marge de manœuvre importante aux médecins par rapport à ces mêmes recommandations.
Cependant, certains objectifs ont été privilégiés, parfois aux dépens d’autres…
Pour éviter tout ajout de travail administratif de la part des médecins, le suivi des objectifs des CAPI doit pouvoir être entièrement réalisé par les caisses à partir de nos bases de données. Le choix des objectifs a été fait dans des domaines où globalement les résultats ne sont pas aussi bon qu’ils le devraient. Je pense en particulier au suivi des diabétiques. Quand on sait que 40 % seulement des diabétiques bénéficient d’un fond d’œil annuel, on se dit qu’il y a encore du chemin à parcourir. C’est une recommandation qui existe dans le monde entier. Quand un diabétologue la critique, cela pose néanmoins un problème. De même pour l’hémoglobine glyquée, si on passe de de 40 à 65 % de patients qui bénéficient des dosages réguliers, c’est 650 000 diabétiques dans notre pays qui seront mieux suivis.
Certains ont eu l’impression que les CAPI visent surtout à prescrire à moindre coût…
Je rappellerai d’abord que la bonne utilisation des ressources fait partie de la déontologie médicale et je ne vous fais pas la description de la situation de l’assurance-maladie. Pour les IPP, nous sommes dans une situation particulièrement peu efficiente. Tous les jours, nous perdons des parts de marché dans le repertoire.
N’aurait-il pas été plus judicieux de redire les bonnes indications pour ces prescriptions ?
Nous le faisons déjà dans un autre cadre, celui de la maîtrise médicalisée. Nous avons également des actions ciblées sur la prescription d’IPP comprenant la distribution de mémos. Mais nous ne pouvions pas intégrer des objectifs liés aux indications dans les CAPI tout simplement parce que les bases de données de l’assurance-maladie ne disent rien sur les diagnostics posés par les médecins.
Pourquoi avoir limité les objectifs de dépistage aux seuls cancers du sein ?
Pour démarrer les CAPI, nous avons préféré une batterie d’objectifs relativement limitée. Mais on peut très bien imaginer que si les médecins adhèrent au dispositif, il soit enrichi. C’est pourquoi nous proposerons que les CAPI soient intégrés dans la convention médicale afin qu’ils puissent être l’objet d’une évolution concertée.
Avez-vous repris langue avec le Conseil de l’Ordre qui est très opposé au CAPI ?
Nous sommes bien sûr toujours en contact pouur étudier les évolutions. Mais selon nos premières analyses, il ne semble pas certain que les médecins aient besoin de transmettre le CAPI qu’ils ont signé à leur CDOM car ce n’est pas un contrat de droit privé.
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