C ONDUITE en 1999, la première étude FRAMIG (soutenue par les Laboratoires AstraZeneca) avait montré que l'immense majorité des migraineux (plus de neuf sur dix) utilisaient un traitement antalgique non spécifique pour soigner leurs crises, la moitié d'entre eux sans avis médical.
Une seconde étude FRAMIG, menée en décembre 2000, montre que la mise à disposition des triptans n'a pas suffi à faire évoluer sensiblement cette situation.
La méthodologie était sensiblement la même que pour FRAMIG I : interrogatoire par téléphone de plus de 4 600 personnes représentatives de la population française, ayant permis de diagnostiquer 312 patients atteints de migraine « active » (ayant eu au moins une crise au cours des trois derniers mois). Le retentissement fonctionnel a été apprécié par l'échelle MIDAS, d'origine américaine.
Plus de 80 % des patients ne sont pas suivis
Plus de 80 % des patients ne sont pas suivis par un médecin pour leur migraine, même s'ils ont déjà consulté une fois. Plus de 20 % n'ont jamais consulté, neuf sur dix, parmi eux, estimant pouvoir se débrouiller seuls et la moitié pensant qu'il ne s'agit pas d'une vraie maladie et qu'il n'existe pas de traitement spécifique. Les proportions sont à peine moindres chez les patients qui ont consulté au moins une fois.
Neuf fois sur dix, le traitement de la crise est non spécifique, le paracétamol étant l'antalgique le plus souvent pris (56 % des migraineux), les triptans ne venant que loin derrière (8 % des migraineux). Sur une moyenne de dix crises traitées, six ne sont pas du tout ou pas nettement améliorées. Les trois quarts des patients prennent au moins trois unités thérapeutiques d'un même médicament lors de la même crise, 39 % en prenant au moins six.
Surconsommation : céphalée chronique quotidienne
Cette surconsommation peut être à l'origine d'une céphalée chronique quotidienne. La première prise de médicament a lieu en moyenne 6,4 heures après le début de la crise et l'efficacité de ce médicament est jugée en moyenne au bout de quatre heures. Il faut rappeler ici que les triptans agissent en une heure.
Le retentissement fonctionnel n'est pas exactement corrélé au grade de sévérité de la maladie migraineuse, avec une tendance à être sous-estimé. Il est en effet établi à partir d'une moyenne, alors que certaines crises peuvent être très sévères et donc très invalidantes chez des patients dont la migraine n'est pas classée comme « grave ». Il apparaît qu'en définitive seulement un tiers des patients auraient une maladie migraineuse « peu sévère ». Or, on estime à 12 % la proportion de la population française touchée par la migraine.
En définitive, il existe un net déficit d'information des malades, mais aussi de leurs médecins, concernant le traitement de la migraine. Ces derniers sont à 79 % des généralistes. Contrairement à une idée reçue, le nomadisme médical est faible dans cette pathologie, puisque, en moyenne, un même patient a consulté 2,4 médecins.
MEDEC 2001. Conférence de presse organisée par les Laboratoires AstraZeneca : « Migraine : faire progresser les connaissances ». Communications du Pr Gilles Geraud (Toulouse), du Dr Michel Lanteri-Minet (Nice) et du Dr Christian Lucas (Lille).
Un DVD pour améliorer la formation
C'est pour améliorer la formation que les groupes d'expertise de la migraine, composés de médecins libéraux et hospitaliers et soutenus par les Laboratoires AstraZeneca, ont mis au point un nouveau support d'information (DVD), offrant un programme original et interactif qui aborde les problèmes de la migraine à la manière d'un débat télévisé. L'automédication y est abordée. Les différentes séquences sont ponctuées de reportages réalisés auprès de médecins et de sociologues et d'expériences vécues par des patients migraineux.
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