Est-ce parce qu'elle est si fréquente, si bien connue du public et si souvent considérée comme une fatalité que la migraine est peu médicalisée ?
Sans doute ces trois facteurs contribuent-ils à la situation qui prévaut toujours à l'heure actuelle : la moitié des migraineux ne consultent pas pour leur migraine ; pourtant, un tiers des patients souffre d'une forme invalidante de la maladie, 52 % s'automédiquent et seulement de 8 à 10 % bénéficient d'un triptan, alors que deux tiers des patients se disent insatisfaits de leur traitement.
L'automédication constitue un important facteur de risque d'abus médicamenteux conduisant aux céphalées quotidiennes chroniques (CCQ), qui toucheraient aujourd'hui deux millions de personnes dans notre pays.
Ces données ont conduit l'ANAES à élaborer des recommandations qui ont été rendues publiques en février dernier. Elles concernent le diagnostic et le traitement. Quelques critères simples proposés par l'IHS (International Headhache Society) doivent aider le praticien à affirmer le diagnostic de migraine :
1) au moins cinq crises de céphalées ;
2) durant de quatre à soixante-douze heures ;
3) unilatérales, pulsatiles, d'intensité modérée à sévère (deux de ces trois caractéristiques sont exigées) ;
4) l'existence, pendant les céphalées de nausées et/ou de vomissements et/ou de photophobie et phonophobie ;
5) l'examen clinique doit être normal entre les crises.
Si ces critères sont remplis, aucun examen complémentaire n'est nécessaire. Il faut, en revanche, prescrire un scanner ou une IRM devant une première crise ou face à une transformation nette des caractéristiques de la céphalée.
Quant au traitement de la crise, la principale nouveauté des recommandations est la prescription, sur une même ordonnance, d'un AINS et d'un triptan. Le médecin doit donc bien expliquer à son patient qu'il doit prendre en première intention l'AINS, mais, en cas d'efficacité insuffisante évaluée à la deuxième heure, il doit prendre le triptan. Si au cours de trois ou quatre crises consécutives, l'AINS s'est révélé inefficace, le triptan doit être pris d'emblée, c'est-à-dire en première intention dès le début de la céphalée. Cette copresciption, qui demande une bonne information du patient, a pour objectif de soulager le plus rapidement possible le patient et d'éviter l'engrenage aboutissant à une automédication de plus en plus abusive et in fine à l'apparition de CCQ.
Tous les triptans ont une efficacité comparable. Néanmoins, l'élétriptan (Relpax) se distingue par une action rapide et un effet-dose : en l'absence de réponse à la posologie de 40 mg, le patient peut prendre deux comprimés, soit 80 mg. Ce médicament présente en outre deux propriétés spécifiques ; un faible taux de récurrence et une indication dans les migraines cataméniales.
Soulager les crises et éventuellement instituer un traitement de fond sont des objectifs médicaux, mais aussi économiques. On connaît en effet les répercussions socioprofessionnelles de la migraine et ses coûts indirects sont très élevés.
Ateliers animés par les Prs Gilles Géraud et Pierre Clavelou et les Drs Sophie Romatet, Michel Lantéri-Minet et Dominique Valade dans le cadre d'une rencontre du Groupe d'information des généralistes sur la migraine (GIGM).
* Les recommandations peuvent être consultées sur le site de l'ANAES (www.anaes.fr).
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