La conférence a aussi fait le point sur l'autre grand défi de la mobilité, celle des professionnels. Si beaucoup de pays occidentaux font appel à des médecins originaires d'autres contrées, ils ne souhaitent pas pour autant une émigration massive de médecins issus de pays pauvres, qui «assécherait» les pays d'origines qui les forment. La France et le Royaume-Uni, notamment, ont passé des conventions avec les pays de départ, destinées à éviter des situations comme celles existant dans quelques pays des Antilles, où 100 % des médecins partent une fois leur diplôme en poche. En Europe, le grand flux d'immigration médicale s'effectue d'est en ouest, mais plusieurs pays de départ constatent, avec satisfaction, que le flot commence à se tarir. Alors que la Lituanie voyait partir tous les ans plusieurs centaines de médecins, le nombre de départs est cette année inférieur à cent, car les salaires ont été relevés et les conditions de travail améliorées. La Slovaquie fait les mêmes constatations, mais son ministre de la Santé, Ivan Valentovic, observe dans le même temps que si ses professionnels de santé émigrent moins, les jeunes sont aussi moins nombreux que par le passé a être attirés par une profession médicale. La Géorgie, quant à elle, a perdu plus de 5 000 médecins et infirmières entre 2000 et 2005 et voit encore partir chaque année plus de la moitié de ses jeunes diplômés, soit vers la Russie et l'Ukraine, soit vers l'Union européenne ou l'Amérique du Nord. La tendance commence toutefois à se ralentir, constatait le Dr Zviad Kirtava, représentant de ce pays à la conférence, parce que les conditions de travail des médecins s'améliorent. Mais les besoins médicaux sont d'autant plus criants que la Géorgie accueille toujours sur son sol plus de 250 000 réfugiés d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, dont beaucoup souffrent de maladies cardio-vasculaires, de tuberculose, de dépression et de maladies chroniques, y compris les plus jeunes. Le Dr Kirtava a rappelé que, lorsqu'un médecin a passé plus de cinq ans dans un pays étranger, il n'y a plus que 10 à 25 % de chances qu'il revienne dans son pays d'origine ; s'il a travaillé plus de dix ans à l'étranger, il n'y a que de 2 à 10 % de chances qu'il retourne un jour exercer chez lui.
Pour toutes ces raisons, le Conseil de l'Europe souhaite une meilleure régulation des flux de professionnels de santé à travers le continent, même si celle-ci doit se faire de manière éthique et non contraignante.
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