La créatinine plasmatique n’est pas le marqueur idéal de la fonction rénale, les limites en sont bien connues. La cystatine C s’affirme en tant que candidat plus performant (voir « le Quotidien » daté du 25/10/2007), en particulier à un stade précoce pour prédire le risque d’évolution vers l’insuffisance rénale chronique, comme le conclut une métaanalyse publiée dans le « New England Journal of Medicine ». Ce travail international coordonné par le Dr Michael Schlipak s’est appuyé sur les résultats de 11 études en population générale, totalisant 90 750 sujets, et 5 études chez 2 960 patients ayant une insuffisance rénale chronique. Pour l’auteur principal, l’apport de ce nouveau marqueur est loin d’être négligeable : « De façon très claire, la cystatine C fait apparaître une longue période préclinique où la fonction rénale est altérée avant le stade d’insuffisance rénale chronique diagnostiquée par la créatinine seule. Et cette période peut aller de 1 à 2 décennies. »
Un repérage précoce
Les chercheurs ont d’abord comparé les débits de filtration glomérulaire (DFG) calculés à l’aide de la créatinine, la cystatine C ou l’association des deux, avec la mortalité globale, la mortalité cardio-vasculaire et l’insuffisance rénale terminale, et ensuite à confronter les stades d’atteinte rénale obtenus par l’un et l’autre des marqueurs. Il ressort ainsi que l’association entre la cystatine C et les mortalités, cardio-vasculaire et toutes causes, était constante et linéaire dès que le DFG passe en dessous 85 ml/min/1,73 m2. En d’autres termes, la cystatine C permettrait de repérer une fonction rénale en déclin dès 85 ml/min/1,73 m2, ce qui est bien plus précoce que le seuil classique d’insuffisance rénale à 60 ml/min/1,73 m2. « La cystatine C permet une estimation plus fiable de la fonction rénale. Son utilisation en pratique pourrait aider à affiner le diagnostic d’insuffisance rénale chronique, et à cibler les patients à haut risque candidats à une prévention », explique le Dr Schlipak.
Cystatine et créatinine, les deux, c’est mieux
La cystatine C va-t-elle alors supplanter la créatinine ? Il n’en est pas question pour le moment, bien au contraire puisque la plupart des études ont montré un bénéfice à associer les deux marqueurs plutôt qu’utiliser l’un ou l’autre seul. Et si les auteurs ont trouvé que l’association était moins prédictive de la mortalité toutes causes par rapport à la cystatine C seule, ils pointent eux-mêmes le fait que les déterminants de la créatinine indépendants du DFG (masse musculaire, régime, activité physique) ont sans doute biaisé les choses. Selon toute vraisemblance, le calcul de façon combinée est la meilleure approche pour évaluer la fonction rénale, hormis pour certains sous-groupes à haut risque dans lesquels les taux de créatinine sont bas.
The New England Journal of Medicine, publié le 5 septembre 2013
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature