Des travaux récents ont mis en évidence l'existence d'altérations, structurelles et fonctionnelles, au niveau de l'hippocampe chez les patients déprimés. Celles-ci ont des conséquences néfastes sur la plasticité neuronale, c'est-à-dire la capacité du cerveau à acquérir des informations et à donner des réponses appropriées en fonction du contexte dans lequel se trouve la personne.
L'hippocampe est situé dans le lobe temporal. C'est l'une des rares régions du cerveau où la neurogenèse se poursuit : de 1 000 à 3 000 neurones sont produits quotidiennement dans le gyrus dentelé.
Une diminution de volume de l'hippocampe
Des travaux chez l'animal ont montré qu'un stress répété provoque une atrophie cellulaire, une diminution de la neurogenèse et, par conséquent, une diminution du volume de l'hippocampe. Ces résultats ont été confirmés chez l'homme : à l'IRM, le volume de l'hippocampe apparaît réduit, dès le premier épisode de dépression.
Toutes les dépressions ne sont pas dues au stress. Mais l'accumulation de stress liée à des événements traumatisants de la vie peut conduire à la dépression. Il en résulte de nombreuses modifications physiologiques qui entraînent une perturbation des fonctions cognitives et la précipitation de la personne dans une spirale. Les émotions jouent un rôle dans la réponse adaptative du sujet. A partir d'un certain seuil, il se produit une rupture aboutissant au passage à la pathologie. Trois systèmes clés interviennent : l'hypervigilance, avec la libération de noradrénaline ; l'affrontement-évitement, avec la libération de catécholamines ; et la fixation mnésique, avec la participation des glucocorticoïdes.
Face au stress, nous évaluons le danger, nous mobilisons nos ressources, nous traitons les informations et nous agissons. Le stress entraîne une fixation mnésique qui facilite, par la suite, une modification des attitudes : soit l'évitement, soit la recherche de la situation. Cette information, engrangée comme « expérience », permet de moduler la réponse réflexe en fonction de la manière dont s'est déroulée la précédente. Le patient déprimé, lui, n'arrive pas à se sortir de la situation. Il ne peut pas mettre à distance ses problèmes. Il n'utilise pas toutes ses ressources, ni son expérience passée.
Le traitement doit être un processus actif et dynamique
Le traitement de la dépression doit donc être un processus actif et dynamique, tant physiologique que psychologique. Il convient de favoriser la plasticité neuronale, en administrant un antidépresseur comme la tianeptine, qui restaure le volume de l'hippocampe, et en stimulant les processus adaptatifs cognitifs du patient par un accompagnement psychologique.
Communication du Dr Henry Cuche (Paris), lors d'une session « Pathologie du quotidien » parrainée par les Laboratoires Ardix Médical.
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