Si beaucoup reste à découvrir, on est sûr, depuis fort longtemps, que la scoliose est une déformation tridimensionnelle du rachis, les vertèbres effectuant une rotation les unes par rapport aux autres, ce qui produit une asymétrie des deux hémithorax, à l’origine d’une gibbosité. La scoliose est aussi structurale en ce qu’elle n’est jamais complètement réductible. Enfin, elle évolue pendant la croissance. Trois caractéristiques qui la différentient des attitudes scoliotiques.
Si 30 % sont secondaires, la plupart des scolioses sont idiopathiques… jusqu’à ce qu’une cause soit un jour précisément identifiée, ce qui est l’objet des travaux présentés à l’occasion du 15e anniversaire de la Fondation Cotrel. Elle est à l’évidence une maladie complexe, aux multiples mécanismes et perturbations associées, causes ou conséquences de la déformation.
Ainsi, une mutation de deux gènes, l’une sur le chromosome 3, la seconde sur le chromosome 5, est responsable de certaines formes familiales de scoliose idiopathique. Autre découverte récente, des anomalies de la proprioception, ainsi que des altérations des organes de l’équilibre, ce qui met l’enfant scoliotique en difficulté pour intégrer les informations neurosensorielles. « Rééduquer la perception vestibulaire, en complément du corset éventuellement, permet de faire régresser des scolioses moyennes », observe le Dr Dominique Rousié (CHRU de Lille). Les voies de communication métaboliques sont également explorées, déficit en mélatonine, influence des estrogènes, etc.
Plus fréquente chez les filles
Quoi qu’il en soit, la scoliose doit être dépistée aussi précocement que possible. Elle survient plus volontiers chez les filles (7 fois plus souvent). Les habitudes de vie (cartable, surpoids, attitude scoliotique et le reste) n’ont aucune influence sur le développement d’une scoliose, une atteinte familiale (parent du 1er degré) en revanche oui, qui multiplie le risque par 10.
Faire pencher en avant un enfant torse nu est indispensable, au moins une fois par an pendant l’enfance, deux à la préadolescence où les déformations s’accélèrent. « Cette surveillance doit s’exercer tout au long de la croissance qui, rappelle le Pr Michel Guillaumat, chirurgien orthopédique, ne s’interrompt pas avec les premières règles. » Toute scoliose est considérée comme évolutive… jusqu’à preuve du contraire.
Autre signe, celui de la lucarne*, pour les scolioses plus basses qui créent une asymétrie du pli de taille, un examen clinique à compléter par la recherche d’affections neurologiques, neuromusculaires, la mesure de la taille, l’évaluation des signes pubertaires et un grand cliché, simple, face et profil, de l’ensemble de la colonne.
Les séances de kinésithérapie sont inutiles, exceptées pour accompagner le traitement chirurgical. Le corset est indiqué quand la courbure dépasse 20° et sur des critères d’évolutivité (cliniques et radiologiques, à deux consultations d’écart) ; il n’améliore pas la courbure, mais arrête les déformations au stade où il a été mis. Enfin, la chirurgie est indiquée lorsque la déformation s’accentue en dépit du traitement orthopédique (au-delà de 40-50° pour les scolioses thoraciques, un peu moins pour les dorso-lombaires), en sachant que l’on réalise une arthrodèse, et donc un bloc osseux, et que le risque de complications n’est pas nul…
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