« L'ENFER, c'est les autres. » Cette phrase de Jean-Paul Sartre résume parfaitement la situation dans laquelle se trouvent ceux qui souffrent de phobie sociale. Une bien réelle pathologie qui s'inscrit dans la continuité de l'anxiété sociale, mais s'en distingue par une peur intense, avec des montées de panique dévastatrices altérant la capacité de communication et générant une souffrance interne majeure. Irraisonnée et incontrôlable, cette peur, déclenchée par la crainte d'être jugé, critiqué, de rougir, de se mettre à trembler, etc. conditionne peu à peu l'existence de la personne qui vit dans l'angoisse du regard et du jugement d'autrui, la conduisant progressivement à mettre en place des systèmes d'évitement. Le malade se met ainsi à anticiper les situations qu'il appréhende, comme prendre la parole en public, manger devant les autres, aller à une réunion ou à une soirée, rencontrer des personnes du sexe opposé..., mettant tout en œuvre pour éviter d'y être confronté. Le retentissement sur la vie sociale, affective ou professionnelle peut ainsi se révéler extrêmement important, avec, dans les cas extrêmes, un isolement presque total.
Invalidante, entraînant la plupart du temps une altération très significative de la qualité de vie, la phobie sociale est également un trouble à haute comorbidité. Deux tiers des sujets atteints feront un autre trouble psychique au cours de leur vie, la dépression étant le plus fréquent. S'ajoute également un risque élevé d'alcoolisme, de tabagisme et de dépendance à d'autres substances addictives.
Affection pourtant fréquente, touchant environ de 2 à 4 % de la population générale pour les formes franches et 10 % pour les formes subsyndromiques, la phobie sociale est encore sous-diagnostiquée et non traitée. Il est vrai que, du fait de la nature même de la pathologie, les patients consultent rarement, pensant que l'on ne peut rien pour eux et que « parler à un médecin » est une situation propre à déclencher leur anxiété. S'ajoute une reconnaissance encore insuffisante de la phobie sociale par le corps médical.
Echec social avec peu ou pas d'amis.
La première étape de la prise en charge est donc d'y penser devant un patient venant consulter pour un trouble psychiatrique autre, tel qu'une dépression, un alcoolisme, une anxiété généralisée et en échec social avec peu ou pas d'amis, des difficultés à trouver ou à garder un travail, en solitude affective...
Différentes approches thérapeutiques, qu'il convient non pas d'opposer mais plutôt d'associer, ont montré leurs effets bénéfiques dans le traitement de la phobie sociale.
Les thérapies cognitives et comportementales, d'une part, qui visent à modifier la façon dont les patients perçoivent leurs capacités de relation sociale et à leur apprendre à mieux gérer leurs émotions, notamment en les confrontant, selon des règles codifiées, en imagination, puis en réalité aux situations qu'ils redoutent.
Amélioration du fonctionnement social, familial et professionnel.
L'approche médicamenteuse, d'autre part, fait appel à certains antidépresseurs qui, au cours de ces dernières années, ont montré leur intérêt thérapeutique. En levant l'anxiété des patients, ils permettent en particulier d'accéder à une thérapie.
L'efficacité anxiolytique d'Effexor LP (venlafaxine) dans la phobie sociale a été démontrée dans cinq études cliniques, à court terme (quatre études d'une durée de douze semaines) et à moyen terme (une étude de six mois), avec pour critère principal d'efficacité la note totale sur la Liebowitz Social Anxiety Scale (Lsas). Cette efficacité s'est accompagnée d'une amélioration significative du fonctionnement social, familial et professionnel. Cet inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline offre donc aujourd'hui une approche médicamenteuse efficace sur la symptomatologie et le handicap des patients souffrant de phobie sociale, en association ou non, aux thérapies cognitives et comportementales.
D'après les communications des Drs Christophe André (CHU Sainte-Anne , Paris) et Dominique Servant (consultation stress et anxiété, Chru Lille) lors de la 36e session du Club Santé parrainée par les Laboratoires Wyeth.
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