L'équipe de Jeffrey Gordon (USA) a, la première, mis en évidence l'importance métabolique du microbiote. Les souris axéniques accumulent moins de graisse pour un même apport alimentaire. En outre, le transfert du microbiote de souris rendues minces ou obèses induit la minceur ou l'obésité chez ces souris axéniques. L'analyse de leur microbiote révèle une modification du rapport entre les deux familles bactériennes qui représentent 90 % du microbiote, avec un ratio Firmicutes / Bactéroïdetes normalement de 90/10 qui passe à 99/1 chez les souris obèses. La même équipe a retrouvé un déséquilibre identique chez des humains obèses et montré chez une douzaine de volontaires obèses astreints à 6 mois d'un régime pauvre en graisses ou pauvre en sucres que la perte de poids s'accompagne d'un retour à l'équilibre. L'hypothèse retenue est que ce microbiote assure une meilleure absorption des glucides et des lipides et favorise le stockage des graisses.
Lien entre microbiote et obésité : prudence dans l'interprétation
Ces résultats ont depuis été contestés en particulier par une équipe écossaise qui ne retrouvait pas le même rapport chez les obèses. Une étude menée récemment par Karine Clément en collaboration avec deux équipes de l’Institut MICALIS observe néanmoins qu'après by-pass chez les obèses, le rapport Firmicutes / Bactéroïdetes, identique à celui observé aux USA retourne à la normale avec la perte de poids. "Ce rapport Firmicutes / Bactéroïdetes paraît, du moins pour certaines populations être un rapport clé en relation avec l'obésité, sans qu'on puisse encore savoir s'il est en cause dans la prise de poids ou s'il s'agit d'un marqueur" conclut le Dr Corthier. Le ratio est influencé par la réduction pondérale, mais est-il lié à la perte de poids en elle-même ou est-ce la modification du régime alimentaire qui modifie ce rapport lequel favorise ensuite l'amaigrissement, la question reste posée. Il est urgent d'attendre avant de prétendre modifier le microbiote. Ces découvertes n'ayant pas encore été confirmées sur de grandes cohortes d'obèses. Les travaux américains avaient conduit à un dépôt de brevets pour une éventuelle thérapeutique visant à apporter des Bactéroïdetes et à réduire les Firmicutes par une antibiothérapie. "Dans la mesure où comme nous l'avons montré, le rapport Firmicutes / Bactéroïdes est de 1/1 dans les MICI, réduire les Firmicutes pourrait s'avérer plus délétère que bénéfique" continue le chercheur "d'autant qu'une des bactéries les plus représentatives des firmicutes, la F.prausnitzii, impliquée dans l'inflammation et déficitaire dans la maladie de Crohn est aussi réduite dans l'obésité".
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