Vos malades ont lu
« Le Nouvel Observateur »,
29 novembre
« La mise à disposition gratuite de tous les médecins » de strepto-tests, rouage essentiel du plan de Bernard Kouchner pour réduire la consommation d'antibiotiques, est en passe de faire de la France un « pays normal ». Au moins du point de vue du protocole d'action médicale vis-à-vis des angines. Si ce volet du plan de Bernard Kouchner pour venir à bout de la surconsommation d'antibiotiques apparaît fondamental au « Nouvel Observateur », l'hebdomadaire ne manque pas de rappeler quel danger représente l'utilisation injustifiée d'antibiotiques. Il précise même les taux de résistance des pneumocoques et des staphylocoques français, les plus élevés au monde, les autres pays menacés ayant réagi beaucoup plus tôt. L'espoir a malgré tout des limites : il semble encore plus difficile d'arriver à rationaliser l'administration d'antibiotiques chez les animaux que chez les humains.
Un vrai conte des Mille et Une Nuits
« Science et Vie junior », décembre
Pour faire un bébé, il y a toujours eu « mille façons », puisque les médecins ou les rebouteux ont toujours eu des tas d'idées que nous dirions aujourd'hui saugrenues pour « améliorer les chances d'avoir un bambin ». « Science et Vie junior » cite le massage de ventre avec de la fiente de lapin, la consommation de raclures de testicules de bouc ou de taureau, le port d'une couronne en poils de chèvre trempée dans du lait d'ânesse en guise de ceinture.
Mais surtout, le mensuel présente, sous forme de contes des Mille et Une Nuits les inventions successives des magiciens d'aujourd'hui, soit l'insémination artificielle, puis l'IAD, puis la FIV, puis la congélation d'embryons, puis la micro-injection de spermatozoïdes, puis diverses manipulations plus ou moins complexes qui permettent déjà d'étonnants croisements parentaux et devraient un jour ou l'autre déboucher sur des clonages. Les techniques deviennent limpides grâce aux schémas, le fil du récit est presque aussi haletant que les histoires de Schéhérazade, mais la fin reste incertaine : la dame de 62 ans mère utérine du fils de son frère et les clones promis par les raëliens et autres pêcheurs à la ligne de « parents en détresse » sont autant de points d'interrogation un peu inquiétants.
Traitements de pointe
« Sélection », novembre
Ce sont de « formidables progrès » que nous annonce « Sélection » sur une page de gauche, en quelques lignes au-dessous d'un titre aussi vague qu'encourageant, prometteur de « nouveaux espoirs », grâce à de « nouveaux traitements ». Titre et commentaire se détachent sur un dos blanc, celui d'un infirmier dont le brancard s'engouffre, à la page de droite, dans un couloir de service hospitalier. Il apparaît, à la lecture des quatre lignes de commentaires de la page de droite, qu'il s'agit d'un service d'urgences, lieu où, semble-t-il, « des diagnostics plus rapides et plus précis » permettent « un traitement plus adéquat ».
Le corps de l'article localise lesdits progrès, en évoquant les lieux, peu nombreux, où s'appliquent quatre technologies innovantes : l'association RTPA/IRM promet ainsi à certaines victimes d'accident vasculaire cérébral la guérison, malgré un « risque élevé d'hémorragie », tandis que la radiothérapie de précision de l'IRMT et les anticorps monoclonaux ouvrent de nouvelles possibilités de guérison pour certains cancers, et que le cur artificiel continue d'avancer doucement. Il serait peut-être sage de laisser le temps à ces traitements coûteux, encore expérimentaux, de devenir, peut-être, formidables.
Le sexe, une affaire bien compliquée
« La Recherche », hors-série n° 6 novembre-décembre-janvier
Aujourd'hui comme hier, il faut « des généticiens, des historiens, des anthropologues, des médecins, des psychologues et des psychanalystes » pour parler de sexe de façon pertinente. Mais des « bouleversements » ont eu lieu tout spécialement dans la dernière décennie, qui justifient pour « la Recherche » le « retour » opéré « sur la fabrique des sexes ».
Plutôt que d'organiser son propos par disciplines, la revue a préféré mêler les propos des spécialistes de la biologie et ceux des spécialistes des sciences humaines, l'appartenance aux deux catégories n'étant d'ailleurs pas interdite. Les historiens ont autant à dire que les biologistes de cette vision révolutionnaire du sexe féminin, non plus comme « sexe par défaut », ou résultat d'une passivité biologique, mais comme construction biologique et sociale. Les psys et les biologistes, voire les chirurgiens, associent harmonieusement leurs efforts pour donner des hésitations du sexe une image nettement plus complexe qu'il n'y paraissait il y a encore peu. Enfin, face à la dernière question sur la bonne vieille domination masculine, il est assez logique qu'interviennent en majorité des historiens, des anthropologues, des philosophes et des psys. Du reste, la revue donne une place toute spéciale à une inconnue manifestement féministe au discours très actuel, qui, en 1932, tentait « de démontrer : 1) que la biologie ne justifie pas l'infériorisation et l'oppression des femmes, et 2) que nombre de textes scientifiques qui touchent la biologie sont construits sur des présupposés sexistes ».
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