PREMIÈRE ÉVIDENCE clinique, les patients dont la densité osseuse est basse n'ont pas tous des fractures spontanées. Nous savons aussi que le risque de fracture chez la femme ménopausée est, à densité osseuse égale, très fortement influencé par l'âge et, en pratique, multiplié par deux environ tous les 10 ans (2). Enfin le risque de survenue d'une nouvelle fracture vertébrale est quatre ou cinq fois plus élevé chez les patients qui présentent une première fracture visible sur les radiographies (3). Ces informations cliniques suggèrent qu'un paramètre non mesuré par la densitométrie, la qualité osseuse, influence fortement le risque de fracture ostéoporotique.
Microarchitecture osseuse.
La qualité du tissu osseux dépend des proportions respectives d'os cortical et d'os trabéculaire au sein d'une pièce squelettique, de la structure de l'os cortical, du degré de minéralisation du tissu osseux, de la qualité du collagène de type I, du niveau de remodelage et surtout de la microarchitecture osseuse trabéculaire, c'est-à-dire de l'organisation spatiale et du degré de connexion des travées osseuses (4). Au cours de l'ostéoporose, l'exagération de l'activité des ostéoclastes, cellules responsables de la résorption osseuse, provoque une diminution de la connectivité trabéculaire, une désorganisation microarchitecturale du tissu osseux trabéculaire, une réduction de ses compétences biomécaniques et finalement la survenue des fractures vertébrales et périphériques en cascade (5).
Facteurs cliniques indicateurs de la qualité de l'os.
La qualité osseuse n'est pas mesurable, en routine, par des méthodes non invasives. Mais, pour évaluer le risque et prendre des décisions thérapeutiques, les cliniciens peuvent s'appuyer, en plus de la mesure de densité, sur certains facteurs cliniques associés à une mauvaise qualité osseuse : âge supérieur à 65 ans, première fracture vertébrale visible sur les radiographies, ménopause précoce, corticothérapie prolongée, intoxication tabagique ou alcoolique. Enfin, c'est parce qu'ils préservent ou améliorent la qualité osseuse que les médicaments modernes de l'ostéoporose (raloxifène, bisphosphonates et parathormone) réduisent fortement le risque de fracture au cours de l'ostéoporose.
* Service de rhumatologie, Inserm-EMI 0335, CHU Angers.
Références
1. Consensus Development Conference 1993. Diagnostic, prophylaxis and treatment of osteoporosis. « Am J Med » 1993 ; 94 : 646-50.
2. Hui SL, Slemenda CW, Johnston CC. Age and bone mass as predictors of fracture in a prospective study. « J Clin Invest » 1998 ; 81 : 1804-1809.
3. R Lindsay et al. Risk of new vertebral fracture in the year following a fracture. « JAMA » 2001 ; 285 : 320-323.
4. Legrand E, Chappard D, Basle MF, Audran M. Evaluation de la microarchitecture osseuse : perpectives pour l'évaluation du risque d'ostéoporose et de fractures. « Rev Rhum » 1999 ; 66 : 619-624.
5. Legrand E, Chappard D, Pascaretti C, Duquenne M, Kreb S, Rohmer V, Basle MF, Audran M. Trabecular bone microarchitecture, bone mineral density and vertebral fractures in male osteoporosis. « J Bone Miner Res » 2000 ; 15 : 13-19.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature