UN HOMME, se prétendant acteur, pénètre un soir de Saint-Sylvestre, dans un hôtel cossu d’Ostende. Un homme, dans son manteau fatigué, prétend avoir rendez-vous avec le directeur du théâtre pour jouer, une fois, une fois encore, une dernière fois, une fois unique, « Lear ». Il ressemble à Lear. Il est las. Il ne connaît que l’adversité et la solitude d’une lande métaphysique.
Michel Piccoli, qui ne cache pas qu’il a quatre-vingts ans et quelque et qu’à son âge la mémoire est rétive et vous trahit, n’a pas voulu des « oreillettes » si fréquentes ces temps-ci sur les plateaux. Il y va seul. Le rôle de la femme en rouge qui, chaque 31 décembre, un masque de singe sur le visage, s’enfonce dans son lit solitaire, déjà saoule ou encore accompagnée d’une bouteille supplémentaire de champagne, est tenu magnifiquement par Évelyne Didi, belle, vacillant sur des talons immenses. Tous les comédiens, ici, sont parfaits. La jeune fille au transistor a dix-sept ans. Julie-Marie Parmentier est une flamme douce qui réchauffe.
À la fin, Minetti de dos, seul, mais auprès du transistor jaune et rouge, couleur de théâtre, va sans doute rendre son soupir ultime. Michel Piccoli est bouleversant, noble, immense. Il est le théâtre.
Théâtre de la Colline, à 19 h 30 le mardi, 20 h 30 du mercredi au samedi, 15 h 30 le dimanche (01.44.62.52.52.). Durée : 1 h 20 sans entracte. Traduction de Claude Porcell publiée par L’Arche (11 euros).
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