Dans une déclaration au personnel, Le Pr Kazatchkine a assuré ressentir « une immense fierté au regard de ce que le Fonds mondial a accompli au cours de ces dix années et je n’ai pas de mots pour exprimer ma gratitude d’avoir pu apporter une contribution majeure à son évolution et à sa réussite ». Son départ fait suite à la décision du Conseil d’administration du Fonds de nommer un directeur général pour superviser la mise en œuvre d’un ambitieux plan de transformation. Gabriel Jaramillo, le nouveau directeur général, devrait prendre ses fonctions le 1er février pour une durée de douze mois. Réagissant à cette nomination, le Pr Kazatchkine a indiqué qu’il respectait la décision du conseil d’administration, ne doutant pas « qu’elle ait été prise dans le meilleur intérêt du Fonds mondial ». Toutefois il confirme que l’arrivée du nouveau directeur général est à l’origine de sa démission puisqu’il est arrivé à la conclusion qu’il lui « était impossible, dans ces circonstances, de rester à son poste de directeur exécutif », un poste qu’il occupait depuis février 2007 et qui avait été renouvelé pour trois ans en 2011.
Le Fonds mondial a par ailleurs démenti les informations parues dans « Libération » faisant un lien entre la démission du Pr Kazatchkine et ses relations avec l’épouse du président français. « Je démens formellement l’information publiée cet après-midi sur le site Liberation.fr disant que Michel Kazatchkine aurait démissionné en raison d’une "mise en cause" pour ses relations avec Carla Bruni-Sarkozy, a déclaré le président du conseil d’administration du Fonds, Simon Bland, dans un courriel envoyé à l’AFP. Ce qui est écrit est faux et sans fondement. Et nous demandons le retrait de l’article », a-t-il ajouté. Le site Internet de Libération a indiqué s’être contenté de citer l’hebdomadaire « Marianne » qui, début janvier, avait accusé Carla Bruni-Sarkozy d’avoir fait verser de l’argent du Fonds à plusieurs sociétés de l’un de ses amis.
Des réformes préoccupantes.
Michel Kazatchkine a lui-même démenti l’information parue dans la presse. « La raison de mon départ très claire », explique-t-il évoquant les désaccords avec le conseil d’administration du Fonds. « Il ne peut y avoir deux têtes dans une organisation », a-t-il précisé. Il a aussi évoqué « des réformes dont un certain nombre (le) préoccupe » en citant « l’enveloppe virtuellement réduite » allouée au Fonds par les pays donateurs. Concernant ses rapports avec l’épouse du président de la République, le Pr Kazatchkine a souligné : « Je ne suis pas un ami personnel de Carla Bruni-Sarkozy » et rappelé qu’elle était « l’ambassadrice du Fonds mondial, de l’ONUSIDA et de l’UNICEF ».
Les associations AIDES et Coalition Plus ont, elles, affirmé regretter le départ du directeur exécutif du Fonds et ont salué « la contribution essentielle que le Pr Kazatchkine a apportée à la lutte mondiale contre le sida ». Le Fonds a permis à 4 millions de malades de bénéficier d’un traitement antirétroviral et a sauvé des millions de vies. Les associations évoquent « une bataille feutrée, mais brutale, entre administrateurs du Fonds mondial, pour le contrôle de la lutte internationale contre le sida, la tuberculose et le paludisme ». Pour ces associations, le départ de Michel Kazatchkine est « signe annonciateur » inquiétant.
Le gouvernement par la voix du ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a « vivement » regretté le départ du directeur du Fonds mondial, saluant son « remarquable travail » à la tête de cet organisme.
Le ministre a a exprimé « la reconnaissance des autorités françaises » pour « le remarquable travail » qu’il a accompli, « établissant le Fonds mondial comme l’instrument international le plus efficace » dans la lutte contre le sida.
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