Gouvernance

Michel Chassang, critique et constructif

Publié le 30/04/2013
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Enjeux de la période, projets pour la médecine libérale, pour l’hôpital, questions sur le système de santé, l’invité des Auditions privées, Michel Chassang, représentant de la CSMF (médecins libéraux) amène un point de vue très critique, mais propose des solutions concrètes pour faire évoluer le système de santé. Détails.

« Le bilan du précédent quinquennat avec la loi HPST est négatif à l’encontre du corps médical, en particulier libéral. Michel Chassang, représentant de la CSMF, martèle : « La loi HPST est un fiasco. On fait des lois maintenant pour détricoter la loi HPST. Des erreurs ont été réparées grâce à la loi Fourcade ».

Michel Chassang, tout en rappelant l’indépendance totale de son syndicat, la CSMF, par rapport à tout pouvoir politique, se pose en observateur du nouveau pouvoir politique (depuis mai 2012). Cependant, pour l’instant il règne, selon lui, un flou artistique derrière les vocables « Stratégie nationale de santé et réorganisation du système de santé ».

Concernant le gouvernement Ayrault, le dialogue a au moins repris entre les organisations syndicales, les assurances maladies et le Gouvernement qui respecte le dialogue social, le développement de l’ambulatoire à travers la médecine de proximité. Michel Chassang note que le Gouvernement se veut garant et protecteur de l’hôpital public, et en conséquence il craint que le reste – dont la médecine libérale – ne soit pour lui sa variable d’ajustement.

Des mesures concrètes

Michel Chassang propose une série de mesures qui permettraient de fluidifier les rouages de ce dernier. Il propose de favoriser les regroupements entre spécialités (généralistes/spécialistes), par des équipes pluridisciplinaires (avec d’autres professions de santé). Donc, des modèles économiques nouveaux sont à réinventer. Car le modèle économique de tarification à la médecine de ville n’est pas adapté à cela. Il faut créer selon lui des dotations de structure, par exemple étendre le GHS de l’hospitalisation à des structures ambulatoires. Aujourd’hui, le paiement à l’acte ne permet pas de rémunérer une équipe. Donc, il est légitime d’introduire des tarifications d’équipes. Il est préférable d’inventer de nouveaux modes de rémunérations, par exemple avec des temps de rémunération, des réunions de concertation, etc.

Médecin entrepreneur ?

Dans le cadre du cabinet médical, il faut passer du stade artisanal d’aujourd’hui à un stade entrepreneurial, c’est-à-dire mettre en place dans les cabinets des carrières de gestion, de prévention, de soins curatifs, des salariats… Les plus hostiles aux salariats sont les paramédicaux. Michel Chassang est hostile aux réseaux de soins fermés, et souhaite passer d’une médecine individuelle à une médecine plus collective et plus coordonnée. Les mutuelles peuvent accompagner le mouvement.

Informatiser le corps médical

Pour ce qui est des systèmes d’information, le Ciss a bien compris selon le syndicaliste que le masquage des données avait considérablement ralenti les avancées. Michel Chassang considère là qu’il s’agit d’une avancée considérable et remarque que le gouvernement a bien pris conscience que pour monter un DMP, il faut partir du médecin traitant, et non pas constituer des bibliothèques à partir des hôpitaux, comme cela a été fait. Le travail devrait être selon lui repris à la base, comme pour le « volet médical de synthèse » (VMS) qui est construit à partir des fichiers médicaux des médecins. Il faut aussi informatiser le corps médical. Ainsi, un VMS sera accessible à tout médecin par la carte CPS et la carte Vitale du patient.

Par ailleurs, Michel Chassang rappelle la nécessité d’une culture commune en santé (au niveau de la formation) entre les médecins et les autres professionnels de santé. Par ailleurs, la formation ne doit pas être l’exclusivité des CHU, mais doit pouvoir se faire dans des établissements privés et dans des cabinets de ville. « En matière de soins, le chef d’équipe ne peut être que le médecin », assène-t-il.

Arnaud Janin

Source : Décision Santé: 291