La ligne d’accusation du procureur David Walgren est claire : le praticien a « abandonné son patient » et fait preuve de « graves négligences ». Une thèse étayée par tous les témoignages à charge qui se sont succédé dans la première phase du procès. Les attaques les plus vives sont venues du corps médical et notamment du Dr Steven Shafer, un spécialiste reconnu du propofol, qui a reproché au Dr Murray d’avoir agi comme un « employé » obéissant, cédant à tous les désirs de son patient et non en qualité de médecin. Selon lui, le Dr Murray aurait administré beaucoup plus de sédatifs que ce qu’il a voulu reconnaître (25 mg de propofol après l’échec du traitement IV : deux doses lorazépam et deux doses de midazolam 2 mg). Selon lui, seul une dose de 100 mg est compatible avec les 2,6 microgrammes par millilitre trouvés par les analyses toxicologiques. Le spécialiste a aussi démonté la thèse des avocats de la défense, selon laquelle, le chanteur se serait auto-administré, à l’insu du Dr Murray, des doses supplémentaires de propofol. « Scénario fantaisiste », selon le Dr Steven Shafer, hypothèse « peu probable ». Et de faire remarquer : « On ne peut tout simplement pas se réveiller d’une anesthésie et être capable de se faire une auto-injection. » La défense a, depuis, abandonné cette thèse.
Étude chinoise.
Pour contrer le témoignage du Dr Steven Shafer, elle a fait appel au Dr Paul White, lui aussi spécialiste du propofol et ancien professeur du Dr Shafer à l’Université de Stanford. Contrairement au Dr Shafer, le Dr White affirme que le propofol pouvait être indiqué dans le traitement de l’insomnie. Selon lui, une étude « très intéressante » menée en Chine, a montré que le propofol peut être « une façon sûre et efficace pour traiter les troubles du sommeil de patients souffrant d’insomnie chronique ». Il a aussi défendu la polychimiothérapie, décriée par les autres experts, comme « la meilleure pratique médicale possible ».
Les témoins de la défense ont tenté de montrer que Michael Jackson connaissait la molécule et avait tenté de s’en procurer par tous les moyens. Le Dr Allan Metzger, médecin généraliste qui affirme avoir été il y a quelques années, « le médecin principal » du chanteur, a raconté avoir reçu la visite de ce dernier en avril 2009. Le chanteur lui aurait parlé de son enthousiasme mais aussi de sa peur de remonter sur scène. Il lui aurait alors demandé « un médicament pour dormir » à administrer en intraveineuse. Lors de cette consultation, il n’aurait pas prononcé le mot de propofol mais a expliqué, le Dr Metzger, « j’ai compris qu’il voulait une forme d’anesthésiant ». Le praticien refuse : « Je lui ai dit qu’aucun anesthésiant ne devait être administré en intraveineuse ailleurs que dans un hôpital. »
Ce même mois, le chanteur fait part de ses problèmes d’insomnie à une infirmière, Cherilyn Leen. Il voulait du propofol. « Il m’a dit qu’il avait connu le propofol plusieurs années auparavant, à l’occasion d’interventions chirurgicales. Il m’a dit, je me réveillais et je ne savais même pas que j’avais dormi aussi longtemps. C’était tellement facile... Je voudrais revivre cette expérience ». Après s’être renseignée auprès d’un médecin, elle informe le chanteur sur les dangers du traitement à domicile. Spécialiste de nutrition et de médecine douce, elle lui propose un traitement (vitamines et nutriments) par voie intraveineuse. Michael Jackson, se plaint de l’inefficacité du traitement et l’invite à venir le constater elle-même. Ce qu’elle fait : après s’être endormi vers « 22 h ou 23 h, il s’est réveillé vers 3 h du matin », a-t-elle expliqué. Mécontent. L’infirmière ne reviendra plus dans le manoir de la pop star. Quelques jours plus tard, le Dr Murray devenait son médecin officiel.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature